Les surfaces de soja poursuivent leur hausse en France, approchant 200 000 hectares en 2023, dont 200 dans l’Oise. Dans les Hauts-de- France, la faisabilité de cette culture est suivie depuis plusieurs années. En 2021 et 2022, un observatoire du soja a été mis en place par Terres Inovia en partenariat avec les Chambres d’agriculture régionale. Ces deux structures participent au projet Feader, lancé avec la coopérative Valfrance et quatre enseignants-chercheurs d’UniLaSalle. « L’objectif est de mieux évaluer le potentiel génétique et la rentabilité, afin de sécuriser une production » résume Nicolas Latraye, ingénieur Terres Inovia.
Climat non limitant
Le réseau d’essais qui couvre plusieurs départements – Oise, Aisne et Nord – doit répondre à une première interrogation : le climat des Hauts de France augmente-t-il le risque de récolter trop tardivement le soja ? « En 2021, il n’y a eu aucune parcelle non récoltée à cause du climat froid, qui n’a pas été un facteur limitant » relève Nicolas Latraye. Si certaines parcelles n’étaient pas « récoltables » c’était pour d’autres raisons : dégâts de pigeons ou adventices mal contrôlées. Le facteur climatique limitant serait plutôt le manque d’eau après la floraison en juillet, qui peut diminuer le nombre de gousses et de graines. Quant aux rendements des essais Haut de France, ils s’étagent de 18 à 40 q/ha, pour une moyenne de 26,4 q/ha. Avec un niveau de charges moyen estimé à 460 euros/ha, sans aucun apport d’azote, le soja devient de plus en plus compétitif dans le contexte actuel. Car il nécessite peu d’interventions mécaniques et aucun apport d’engrais azotés. Les dates de semis du soja se calent sur celles du maïs, entre fin avril et mi-mai, pour une récolte en septembre avec une variété 000. Pour raccourcir le cycle et sécuriser la récolte, le choix d’une variété très ou ultra-précoce reste impératif. Dans les régions Nord et Nord-est, seules les variétés des groupes très précoces 00 et 000 se montrent adaptées à la culture. En optant pour des variétés plus tardives, on court le risque d’avoir des maladies de fin de cycle et une récolte difficile, avec des grains plus humides.
Un progrès génétique rapide
Pour les régions les plus au nord, le choix s’est élargi depuis deux ans, avec l’inscription de plusieurs variétés 000 telles que ES Chancellor et ES Collector de Lidea. « Notre groupe vient d’ouvrir une nouvelle station de sélection soja à Munich pour créer des variétés de type 0000/000/00 adaptées aux zones nord et centre de l’Europe. Cette précocité est également parfaitement adaptée au Nord de la France », explique Bernard Gourgues, Chef marché de la société Lidea. Il s’agit de variétés non-OGM, issues d’un programme de sélection initié il y a bientôt 50 ans en Europe, pour répondre à la pénurie de tourteau de soja. Depuis, de gros investissements en recherche ont été faits pour assurer le renouvellement génétique. Au total, Lidea détient aujourd’hui près de 80 variétés de soja qui répondant à l’ensemble des besoins du marché. « Les investissements réalisés permettent d’avoir une génétique performante dans les Hauts de France et en Normandie, adaptée aux terroirs et aux conditions pédoclimatiques », estime Bernard Gourgues. « Les progrès en termes de potentiel, tolérance aux maladies et agronomiques ont été fulgurants ces dernières années. » Des travaux de recherche continuent d’être menés notamment par Terres Inovia et par l’institut polytechnique UniLaSalle pour trouver des itinéraires techniques les plus appropriés aux terroirs des Hauts de France.
Le soja conventionnel (3/4 des surfaces) est valorisé aux 2/3 en alimentation animale et pour 1/3 en alimentation humaine.
À l’inverse, le soja bio (1/4 des surfaces) est valorisé à 70% en alimentation humaine et à 30% en alimentation animale.