Dehondt Technologies est spécialisée dans la conception et la construction de machines à lin. Leader mondial dans l’enroulage du lin, la société normande installée dans la vallée de la Seine non loin du Havre est également présente sur le marché des composites, un matériau de haute technologie produit à partir des fibres de lin. Mais son nouvel eldorado se situe en Russie dans la région de Smolensk au sud de Moscou, région dont le gouverneur souhaite relancer la culture traditionnelle du lin, sous l’impulsion du président Poutine. Les agriculteurs russes ont abandonné depuis longtemps la plante à fleur bleue qui fait la renommée de la Normandie, et c’est au leader français des machines à récolter et à transformer le lin que les dirigeants russes ont confié le rééquipement en machines de récolte, arracheuses, retourneuses et enrouleuses. À la clef, il y a un premier contrat triannuel d’environ 5 M€ qui pourrait être suivi d’autres car, à terme, ce sont en effet 300 000 hectares de lin qui pourraient être cultivés dans cette région de Russie, frontalière avec la Biélorussie, soit environ six fois la surface consacrée à la culture du lin en Normandie.
Pour l’habillement et le linge de maison
« Il y a un grand besoin en Russie en matière d’habillement et de linge de maison, et la fibre de lin pourrait y répondre. C’est pour cela que nous avons beaucoup d’espoir de participer à ce développement », explique Guillaume Dehondt. Il représente la 6e génération à la tête de la société Dehondt Technologies. L’accord sur le contrat triannuel a été signé fin mai entre le dirigeant d’entreprise français et le gouverneur russe lors du forum économique de Saint-Petersbourg, qui s’est tenu en présence des présidents Poutine et Macron. Dans un premier temps, la culture du lin passerait de 5 000 à 50 000 hectares dans la région de Smolensk. Les liniculteurs français, qui bénéficient du label de qualité European Flax, n’ont cependant pas de souci à se faire, car on indique chez Dehondt qu’il s’agit d’un développement de la
culture du lin en Russie « à des fins de consommation intérieure ».
Cent machines en 2019
Une centaine de machines pourrait être livrée en 2019, soit l’équivalent des deux tiers de la production de la PME familiale qui fabrique 150 machines par an pour le marché français. « Si tout se passe comme prévu, cela va permettre de pérenniser les emplois existants sur le site de Notre-Damede-Gravenchon, qui compte actuellement 25 salariés à temps plein, et de transformer plusieurs CDD en CDI », se réjouit Guillaume Dehondt. Le but du dirigeant cauchois est d’approvisionner en machines de récolte le marché russe et d’assurer la maintenance et le service après vente. Mais il souhaite également former sur place les ouvriers et techniciens russes pour effectuer le montage et l’assemblage des machines qui seront livrées en kit. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, Guillaume Dehondt annonce qu’il vient de recevoir l’homologation par la DREAL, Direction régionale de l’environnement et de l’aménagement de son EA 618, le premier véhicule automoteur 3 roues autorisé à rouler à 40 km/h au lieu de 25 km/h actuellement. Il s’agit d’une enrouleuse, fleuron de la gamme Dehondt.
Patrice Lefebvre