Alors que les professionnels avaient proposé certains engagements pour obtenir une dérogation française à l’interdiction européenne des néonicotinoïdes, le couperet est tombé officiellement le 1er août. Un décret publié au Journal officiel interdit l’utilisation de cinq substances néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride, thiaméthoxame, thiaclopride et acétamipride), à partir du 1er septembre, après la décision européenne du 27 avril dernier. Dans un communiqué, la CGB a reproché au gouvernement l’« annonce sans concertation qu’il n’y aura pas de dérogation pour les néonicotinoïdes » sur betterave, et appelé Emmanuel Macron à respecter sa parole. « Refuser une dérogation à l’interdiction de l’utilisation des néonicotinoïdes en enrobage de semences de betteraves, c’est renier un engagement présidentiel qui refuse de mettre les agriculteurs dans une impasse technique », a souligné le syndicat. L’évaluation de l’Anses montre, aux yeux de la CGB, qu’« il n’y a pas d’alternative réelle » à ce type de traitement pour les semences de betteraves. Sans dérogation, les planteurs seraient exposés à des pertes de production pouvant aller « jusqu’à 50 % », poursuit le communiqué.

Une baisse de rendement attendue

Dans le même temps, la filière a dû faire face à une forte période de canicule et de sécheresse. Si les récoltes de céréales ont pu être effectuées sans trop de problèmes, les cultures tardives, comme la betterave, ont subi un important stress hydrique début août, dans les parcelles non irriguées. L’Institut technique de la betterave (ITB) a d’ailleurs revu à la baisse ses prévisions de rendement, avec – 0,3 t/ha de sucre durant le mois de juillet, atteignant ainsi 13,6 t/ha le 5 août.

Face à cette situation qui touche plusieurs pays européens, la Commission européenne a souligné que les agriculteurs touchés par la sécheresse seront financièrement aidés au-delà du soutien inscrit dans la Pac. « Les agriculteurs pourront recevoir jusqu’à 70 % de leur paiement direct et 85 % des paiements au titre du développement rural dès la mi-octobre 2018 (au lieu de décembre) », a expliqué la Commission dans un communiqué du 2 août.

Parallèlement, les cours du sucre, qui avaient atteint des records de baisse depuis l’automne 2017, ont poursuivi leur chute cet été. À Londres, le cours du sucre blanc est désormais tombé à un nouveau plancher de 307 dollars/tonne le 20 août, soit un recul de près de 25 % depuis janvier et de 4 % depuis un mois.

Cette succession de mauvaises nouvelles pourrait bien peser sur les choix futurs des agriculteurs pour leur assolement de 2019.

A.C.