D’après le ministère de l’Agriculture ukrainien, les ports du pays ont pu procéder au chargement de 165 navires de céréales, dont du colza, depuis les accords signés avec la Russie, sous l’égide de la Turquie, pour sécuriser le transport maritime en mer Noire. Or, l’attaque du pont de Kerch, qui relie la Russie à la Crimée et les bombardements massifs qui ont frappé l’Ukraine en représailles, pourraient remettre en cause l’accord qui doit être renégocié, modifié ou prolongé, en novembre. Ces derniers événements ont fait bondir les cours du colza de plus de 50 € en moins de 15 jours.
Le 11 octobre, ils ont ainsi atteint 642 €/t, contre 589 €/t quinze jours plus tôt. D’autres facteurs s’ajoutent à la guerre en Ukraine pour faire rebondir les prix, notamment la hausse des prix du pétrole, la grande faiblesse de l’euro face au dollar, et un rebond du prix de l’huile de palme. Pour autant, la situation actuelle ne profite qu’au colza. Les cours de la graine de tournesol sont bien plus stables et évoluent à moins de 700 €/t. La pression sur les prix vient de la récolte en Ukraine, très abondante, et qui parvient dans les pays européens. Les tendances ne sont donc pas similaires.
C’est vrai aussi pour le soja, notamment américain, qui stagne à 500 $/t. Certes, les marchés américains et européens sont en grande partie décorrélés avec, notamment, les coûts logistiques. Mais la Chine semble jouer des différences de parités monétaires dues au dollar fort pour s’approvisionner massivement en Amérique du Sud, au Brésil et en Argentine, alors que les récoltes s’annoncent abondantes et à prix bas. Les Argentins, eux, ont mis en place des taux de change attractifs pour le soja exporté en Chine.
Le colza sort donc grand gagnant des oléagineux pour la nouvelle campagne. Reste à savoir si ces cours vont se maintenir. Car la forte récolte attendue au Canada devrait permettre de relancer des exportations massives vers l’UE, et les grands producteurs de soja sud-américains se mettent aussi à produire du colza.