La campagne avance et les prévisions de rendement s’affinent. Début novembre, le service statistique du ministère de l’Agriculture (Agreste) a réévalué à la baisse le rendement des betteraves à 81,9 t/ha, un niveau légèrement inférieur à la moyenne sur cinq ans de 2017 à 2021 (82,4 t/ha) et très en deçà de celui de l’année dernière, qui était de 85,5 t/ha.
Avec 402 000 ha cultivés cette année, la production de betteraves est donc estimée à 32,9 Mt. Elle diminuerait de 4,2 % par rapport à 2021, malgré la stabilité des surfaces, et de 10,9 % par rapport à la moyenne 2017-2021.
Les situations sont très hétérogènes, avec des rendements corrects, mais aussi quelques résultats catastrophiques, qui constituent un vrai problème pour les agriculteurs concernés. On trouve les chiffres les plus faibles dans l’Oise et le sud de l’Île-de-France. Les meilleurs résultats sont observés dans le Nord et dans le Loiret sur les terres irriguées. Au sud de Paris, les amplitudes de rendement entre les parcelles irriguées et non irriguées peuvent aller de 40 à 50 tonnes.
Chute de la richesse
Le mois de septembre marque le retour des pluies avec des précipitations qui ont permis la reprise de croissance des betteraves. De nouvelles feuilles sont apparues, mais la richesse a chuté : elle atteignait en moyenne 18°S mi-octobre.
L’ITB note que « ce retour des pluies signe aussi la reprise de développement des maladies foliaires, et plus particulièrement de la cercosporiose. Seules les variétés tolérantes restent indemnes de la maladie ».
Parcelles sales
La forte présence d’adventices (chénopodes, renouées des oiseaux et liserons) perturbe fortement les arrachages. « Pour de nombreuses parcelles, il est conseillé de broyer les adventices et les feuilles de betteraves la veille de l’arrachage », indique l’ITB.
Dans l’Aisne, « 30 % de parcelles sont sales avec un impact sur le rendement entre 4 et 5 % de perte de productivité sur le département », estime le délégué de l’ITB, François Courtaux.
Son collègue de l’Île-de-France, Hugues Bergamini, confirme ces difficultés dues au désherbage : « sur les silos sales, les déterreurs sont indispensables ».
Pour la Champagne et l’Yonne, le délégué de l’ITB Maxime Allart explique que « le salissement en adventices est important et participe aussi au retrait de productivité. Il complique parfois la mise en œuvre des chantiers de récolte ainsi que le process industriel ». D’une manière générale, le traitement des herbes perturbe régulièrement le fonctionnement des lavoirs et donc les cadences des usines.
On note également la présence importante de betteraves malades dans le sud de Paris et le Loiret. Dans le secteur de Souppes-sur Loing, Hugues Bergamini note beaucoup de rhizopus en raison des très fortes chaleurs en sol superficiel, ce qui entraîne des pénalités sur les betteraves lors des réceptions.
La préoccupation majeure de la deuxième semaine d’octobre est la pénurie de carburant, suite au déclenchement le 4 octobre d’une grève dans les raffineries. Le 13 octobre dernier, les inquiétudes concernaient aussi bien le transport des betteraves que le planning d’arrachage des agriculteurs et des entrepreneurs, suite aux difficultés à s’approvisionner en GNR (gasoil non routier). À cette date, les usines n’avaient pas dû ralentir significativement la cadence à cause du manque de camions, mais elles avaient une visibilité qui ne dépassait pas les 48 heures. La CGB Hauts-de-France a notamment demandé au préfet un accès prioritaire aux stocks stratégiques de carburants.