Face aux populations de graminées tenaces, les doubles applications d’automne se déploient sur le terrain. Cette pratique a donné satisfaction lors des précédentes campagnes. Elle est conseillée par Arvalis dans les parcelles à infestation moyenne à forte en ray-grass, vulpin, vulpie, là où il existe un risque de résistance.
Double contrôle
Le recours aux programmes d’automne (pré-levée puis post-levée précoce à 1-2 feuilles) devient indispensable dans les parcelles où les graminées posent problème. Ce double passage donne en particulier une meilleure performance sur vulpin. Les efficacités des programmes tout automne offrent une efficacité moyenne de 87 %, selon les essais conduits depuis plusieurs années par Arvalis. Ce résultat est supérieur aux autres applications de pré-levée seule ou de post-levée. La base de pré-levée doit se baser sur une association performante. Mais l’efficacité gagne des points en misant sur un mélange de post-levée précoce d’automne bien choisi (Daiko + Fosburi ou Fosburi + chlortoluron). Tout en sachant que l’application de post-levée au-delà du stade 3 feuilles devient moins efficace. Attention, les associations ou programmes les plus efficaces ont aussi un risque de phytotoxicité plus élevé. « Ces phytotoxicités se résorbent mais peuvent éclaircir la culture », note Ludovic Bonin, ingénieur Arvalis. Les risques sont augmentés par des semis réalisés en mauvaises conditions ou si des pluies ou de fortes amplitudes thermiques surviennent après le traitement.
Bromes résistants
Des cartes publiées sur le site de l’Inrae localisent au fil des campagnes les cas de résistance par département. Elles sont issues des données expérimentales ou de la littérature, rassemblées par les laboratoires français (Inrae et Anses) travaillant sur les problèmes de résistance aux produits phytosanitaires. C’est une aide précieuse pour savoir quelle est la situation localement. Vulpin et ray-grass ne sont plus les seuls concernés par la résistance. Les essais de plein champ confirment l’existence de bromes stériles résistants aux herbicides acétolactase synthase (ALS) dans le nord-est de la France. Contrairement aux vulpins, la résistance des bromes aux ALS supprime toute possibilité de lutte chimique dans la culture du blé sur cette mauvaise herbe. Pour contrôler le brome stérile, il faut donc intervenir à un autre moment dans la rotation : sur colza avec du quizalofop ou de la propyzamide ou en lutte agronomique par le labour. Le brome stérile germe facilement en été et automne ; il peut aussi se contrôler par la technique du faux semis, très efficace sur cette adventice.
Comment utiliser les herbicides de même groupe
La classification des matières actives a un peu changé en 2022. Par conséquent, le chlortoluron et la metribuzine se trouvent dans le même groupe (groupe 5). Autre changement : prosulfocarbe (Defi), flufénacet (Fosburi) et triallate appartiennent désormais au même groupe (groupe 15). En pratique, cela implique une certaine prudence dans le choix des produits, afin de ne pas « doublonner ». Selon Arvalis, il est toujours possible d’utiliser Defi et Fosburi en programme ou en association. Mais il est préférable de ne pas les appliquer seuls, et de les associer à des substances appartenant à d’autres groupes (DFF, pendiméthaline…).
De plus, les spécialités à base de prosulfocarbe solo sont désormais très encadrées, à une seule application maximum par an et sans fractionnement possible. Il n’est pas autorisé de réaliser deux applications de ces spécialités sur la même année, même en respectant la dose maximale homologuée de prosulfocarbe. En pratique, une application en prélevée avec du Défi ne peut être complétée, en post-levée, par une autre spécialité contenant du prosulfocarbe seul (Roxy 800EC, Linati..) même si la dose totale (pré levée + post levée) ne dépasse pas la dose totale homologuée de 5 l/ha.
Buses et dérive, nouvelle liste
Les herbicides à base de prosulfocarbe doivent aussi, selon la règlementation, être appliqués avec un dispositif antidérive homologué. Une nouvelle liste des équipements de pulvérisation limitant la dérive a été publiée en juin 2022*. Elle mentionne des coefficients de réduction de dérive variable (de 66 % à 90 %) et précise la pression d’utilisation requise. Pour mémoire, les équipements cités permettent de réduire la largeur des zones non traitées en bordure des points d’eau de 20 ou 50 mètres à 5 mètres. De même, les distances non traitées à respecter vis-à-vis des riverains (distances de sécurité des riverains) imposées par l’arrêté du 27/12/2019, sont réductibles avec ces moyens sous certaines conditions liées aux chartes départementales. Pour des cultures basses, la distance peut être réduite de 5 mètres jusqu’à 3 mètres, à l’exception des produits dont le classement impose une distance supérieure.