La guerre en Ukraine vient de franchir son 200ème jour, avec de nouvelles attaques ukrainiennes contre les Russes, mais la situation n’a pour l’instant pas d’effet sur les cours du colza et du tournesol en Europe, sauf quelques soubresauts limités au jour le jour. Le colza évolue pour l’instant sur un plancher assez solide autour de 600 €/t, après avoir démarré autour de 700 €/t en début de campagne en juillet, un niveau de prix qui reste satisfaisant pour les producteurs.
Le 13 septembre, les marchés physiques de graine de colza Fob Moselle et rendu Rouen affichaient 605 €/t. Sur les marchés à terme, les quatre prochaines échéances, qui vont de novembre 2022 à août 2023, s’inscrivent aussi à un peu plus de 600 €/t. Pour le tournesol, les cours sont à 700 €/t sur les marchés physiques de Saint-Nazaire et de Bordeaux, avec une tendance haussière lors de la dernière quinzaine. La demande reste forte, et la récolte, prévue à 1,9 million de tonnes, pourrait être revue à la baisse en raison de la sécheresse qui pèse sur les rendements.
Quoi qu’il en soit, la campagne qui démarre pour les oléagineux devrait rester très rentable. Avec un volume récolté de 4,5 millions de tonnes, le colza va générer 2,5 milliards d’euros en valeur, et les graines de tournesol environ 1,5 milliard d’euros, ce qui devrait donner envie aux producteurs de semer des graines oléagineuses. Au plan européen aussi, tout va bien pour le colza. La Commission européenne a d’ailleurs revu sa prévision de récolte de colza pour 2022 à 19,2 millions de tonnes (contre 17 Mt en 2021) tout en amputant celle de tournesol de 1,2 Mt à 9,2 Mt, contre 10,3 Mt lors de la récolte précédente.
Hausse de l’export au Canada
A priori, les cours vont rester solides, mais sans flamber. Certes, la récolte ukrainienne de colza est amputée de 45 %, principalement en raison des terres conquises par les Russes. Et les voies d’expédition via la mer Noire et le port d’Odessa restent limitées pour l’exportation. En revanche, au Canada, la récolte devrait revenir à son niveau habituel de 19 millions de tonnes. Le gouvernement canadien attend une hausse des exportations de canola de 80 %, à 9 Mt, après l’effondrement de l’an dernier. La récolte de canola en Australie devrait aussi battre des records, à 6,6 Mt de tonnes. Les producteurs australiens ont semé du colza à tout va, lorgnant sur les perspectives de rentabilité.
Autrement dit, l’offre mondiale reste abondante. Selon la Commission européenne, la production mondiale de colza va s’établir à 80 Mt, qui devraient être facilement absorbées par la demande européenne et asiatique, sur les marchés domestiques comme à l’export. Celle de tournesol affiche moins de 50 Mt, en recul de 13 %, toujours à cause de l’Ukraine et de la Russie. La demande devrait ainsi rester supérieure à l’offre, et favoriser la stabilité des cours à des niveaux assez élevés. Sauf, bien sûr, si la guerre en Ukraine s’arrête, délivrant des tonnes de graines pour l’instant bloquées dans les silos.