La sucrerie de Sainte-Émilie, à Villers-Faucon (Somme), reprise par Cristal Union en 2012, vit une véritable mue énergétique. Avec 164 campagnes au compteur, Sainte-Émilie s’appuie sur cette transition pour booster son développement. Sur une campagne de 100 à 120 jours, elle produit quotidiennement 2 300 tonnes de sucre avec 115 permanents et 86 saisonniers. Avec ses 1,6 Mt transformées, soit 17 500 t de betteraves par jour, elle accroît continuellement sa productivité.

« Pour Cristal Union, la durabilité est un levier majeur de performance, assure Xavier Astolfi, directeur général adjoint du groupe. Précurseurs de la transition énergétique, nous avons équipé toutes nos sucreries et distilleries de chaudières haute performance ». En 2018, Sainte-Émilie est la dernière en date du groupe à être dotée d’une nouvelle unité de cogénération. Le site affiche une baisse de 15 % de ses consommations énergétiques en 10 ans.

Entre 2015 et 2021, la sucrerie a bénéficié de 52 M€ d’investissement, dont 30 M€ pour la chaufferie au gaz et 7,5 M € pour la distribution électrique. Un nouvel atelier de décalcification des jus est en cours d’installation. Cet investissement de 4 M€ améliorera l’efficacité énergétique et la qualité du sucre. Mis en service en 2022, il facilitera la transformation des betteraves, notamment en fin de campagne.

Six fois moins d’énergie pour déshydrater les pulpes

Le prochain investissement pour diminuer les émissions de CO2 est le nouveau sécheur de pulpes. Il bénéficie du plan de relance avec 7 M€ d’aide sur les 25 M€ investis. Il remplacera l’ancienne déshydratation d’Épénancourt, dont le site servira au stockage dès septembre 2023. Le nouveau sécheur sera installé directement derrière les presses à pulpes. Il utilisera de la vapeur d’eau de séchage produite par la chaufferie au gaz naturel de l’usine. L’énergie résiduelle de la déshydration sera récupérée ainsi que l’eau (130 000 m3). Avec, à la fin, une baisse des émissions de 40 000 t de CO2 et une consommation d’énergie divisée par six !

Aucune eau prélevée en milieu naturel

La sucrerie ne prélève aucune eau en milieu naturel. Elle réutilise celle issue de la betterave. En 2007, elle utilisait encore 242 litres d’eau de forage par tonne de betteraves. Un volume qui a constamment diminué pour arriver à zéro litre en 2018. Et ce grâce à un investissement de 2M€ dans des bassins d’eau propre. À l’échelle du groupe, l’économie d’eau représente 5 Mm3 par an, ou l’équivalent de 1 600 piscines olympiques.

Pour les transports des betteraves, trois leviers sont actionnés. La baisse de la tare terre, l’augmentation de la richesse et de la taille des camions. Toutes les betteraves des 1 000 camions qui approvisionnent chaque jour Sainte-Émilie sont déterrées. Soit un gain de trafic de camions de 7 %. Les 1 200 planteurs de Sainte-Émilie ont un des rayons d’approvisionnement les plus faibles de France avec 22 km. Sur les 22 000 ha, 35 % sont échangés, pour arriver à cette performance. L’équipement de 20 % de la flotte de camions en portes grillagées assure un gain de 2 litres de carburant pour 100 km. Enfin, les emballages kraft ont remplacé les emballages plastiques de la marque Daddy. Cette innovation diminue les émissions de gaz à effet de serre de 27 %. Cela correspond à la fabrication de 10 millions de bouteilles plastiques par an pour le groupe.

Vers 30 €/t et 2 000 ha de betteraves supplémentaires

Sainte-Émilie, forte de l’augmentation de ses performances, veut gagner 2000 ha de betteraves supplémentaires. « L’accroissement se fera par l’augmentation de la sole des coopérateurs et par l’accueil de nouveaux planteurs », dévoile Jérôme Fourdinier, président du conseil de section de la sucrerie. Entre 2017 et 2020, la sucrerie a accru ses surfaces de 20 %. Suite à la fermeture d’Eppeville par Saint Louis Sucre, elle a repris 2000 ha supplémentaires avec près de 180 planteurs. « La durée de campagne, auparavant de 80 jours, aujourd’hui de 100 à 120 jours, peut atteindre 130 jours », prévoit Xavier Astolfi, qui espère payer les betteraves plus que les 27 €/t dès cette campagne et vise, à moyen terme, une rémunération planteur de 30 €/t (d’ici deux ou trois ans si possible).

Autant d’arguments pour atteindre les 7 000 ha supplémentaires prévus par Cristal Union : 3 000 ha à Fontaine-Ledun (76) et 2 000 à Erstein (67) en sus de ceux de Sainte-Émilie.