Quelles sont les attentes des acheteurs de sucre ? C’est le sens d’une enquête menée au printemps 2021 par l’Association de recherche technique betteravière (ARTB) et la fédération Alliance 7 des fabricants de produits d’épicerie et de la nutrition spécialisée. Le questionnaire a été envoyé à des acheteurs représentant 150 000 tonnes de sucre, soit « un échantillon représentatif de l’acheteur de sucre français à des fins de transformation, hors grands comptes », affirment les deux organisations. Près de 58 % des répondants estiment que le sucre est un ingrédient de base parmi d’autres. Seulement 24 % des répondants estiment que le sucre est à valoriser dans les produits finis et 18 % estiment qu’il faut même éviter de le valoriser. Pourtant, il ressort de la part des acheteurs des attentes pour des mentions de qualité valorisantes, comme issues de l’agriculture biologique ou, également, sur l’origine française du sucre.
Les personnes interrogées estiment que l’orientation stratégique commerciale de leur entreprise met de plus en plus en avant l’origine locale des produits (81 % jugent cette orientation prioritaire), la production bio (73 %) ou une offre indiquant une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) (66 %). Dans ce contexte, 79 % des répondants estiment que l’offre en sucre reste trop faible en bio, 48 % ne la jugent pas assez développée sur l’aspect local et 42 % en matière de commerce équitable. Alors que la Haute valeur environnementale (HVE) n’est pas plébiscitée pour être mentionnée sur le produit fini, l’offre en sucre HVE est jugée également trop faible par rapport à l’enjeu pour plus de la moitié des répondants (55 %).
L’origine France jugée incontournable
L’étude montre ainsi que c’est avant tout sur la notion de local et de bio que la filière sucrière devrait accentuer ses efforts pour répondre aux attentes. Permettre au consommateur de connaître l’origine du sucre, dans le produit final, est considéré comme un sujet d’intérêt potentiel à creuser pour 70 % des répondants.
Mais la notion de l’origine est perçue différemment selon les acheteurs. Un engagement sur l’origine France est considéré comme incontournable à 91 %. L’échelle régionale est jugée prioritaire pour 52 % des répondants, voire sur un terroir, pour 27 % d’entre eux. Enfin, une garantie d’origine européenne ne semble pas primordiale. Près de 45 % la jugent pas, ou pas du tout prioritaire.
Enfin, à la question ouverte de savoir quelles autres mentions valorisantes devraient être proposées, il est évoqué ponctuellement l’origine betteravière du sucre bio, des betteraves sans résidus de pesticides et un « prix juste payé au producteur ».
Selon l’ARTB et l’Alliance 7, la contractualisation est une préoccupation importante pour 68 % des acheteurs. Le tiers des répondants exprime (question ouverte) des attentes contractuelles à creuser comme la notion de pluriannualité des contrats, incluant une indexation de ces prix ou un « prix indexé sur le coût producteur pour la garantie d’une rémunération partagée ». Concernant l’association de l’amont agricole à la contractualisation, les trois quarts des sondés répondent par l’affirmative à la question « selon vous, associer des betteraviers par le biais d’une contractualisation tripartite peut-elle constituer une piste à creuser ? ».
Enfin, à la question de savoir de quelles autres filières s’inspirer, deux sont mentionnées par une partie des répondants : la filière laitière, pour la « mise en place d’accord tripartite distribution / coopératives / industriels », les efforts « concernant la décomposition des coûts » et la « rémunération des producteurs » et, la filière blé, en particulier sur le label CRC (Culture raisonnée certifiée) et la « mention de filière responsable ». La filière betterave-sucre a ainsi de nombreuses sources d’inspiration et d’évolution potentielles en perspective.
Coca-Cola, Orangina, Mondelez, Nestlé… Tour à tour, les géants de l’agroalimentaire rivalisent d’annonces sur des diminutions de taux de sucre dans leurs recettes. Ces cinq dernières années, plus de la moitié des acheteurs interrogés par l’ARTB et l’Alliance 7 (57 %) déclarent avoir réduit le sucre dans leurs recettes : 15 % en utilisant un autre produit sucrant que le saccharose, 18 % en reformulant leurs produits et 24 % en lançant de nouveaux produits, permettant de baisser en moyenne de plus de 10 % la teneur en sucre. La reformulation permet une réduction des teneurs en sucre dans les produits finis, mais ne permet une baisse que de 5 % en moyenne, contrairement aux stratégies visant à proposer une nouvelle offre en produits moins sucrés.