« Les JA, c’est une grande famille », affirme joyeusement Martin Beauvallet, agriculteur et betteravier à Greneville-en-Beauce dans le Loiret, mais aussi trésorier des Jeunes Agriculteurs (JA) du département. « Ce qui me motive et me pousse à m’engager dans le syndicalisme, c’est d’échanger avec mes voisins et de communiquer auprès du grand public », explique-t-il. Selon lui, « le monde agricole a raté quelque chose en laissant de côté la communication. Ce n’est pas normal qu’un agriculteur qui pulvérise son champ se fasse casser la gueule ! ». Martin Beauvallet a un long parcours au sein des JA. Simple adhérent depuis 2011, il prend la présidence de son canton en 2018. Quelques années plus tard, il est élu secrétaire général départemental puis trésorier du syndicat. « Trésorier est une charge relativement facile à gérer mais secrétaire général est une responsabilité importante. C’est lui qui met la dynamique dans le réseau », explique-t-il. Il est aussi l’un des organiseurs de l’évènement Terres de Jim qui se tiendra à Outarville du 9 au 11 septembre 2022. Responsable du pôle végétal et du suivi des cultures du projet avec un voisin JA, il avoue : « j’aurai la fierté de dire que j’y ai participé ». « Ce genre d’événement, on ne l’organise qu’une fois dans sa vie », renchérit-il. Parmi ses nombreuses réalisations liées à Terres de Jim, Martin Beauvallet est fier d’avoir créé de toutes pièces un terrain de rugby dans un champ en seulement quelques mois. « Ce n’était pas gagné ». Il a également implanté de nombreuses bandes de culture qui seront, pour certaines, récoltées devant les visiteurs. Martin Beauvallet a réussi à trouver l’équilibre entre ses activités professionnelles et son engagement syndical. « Par moments, il faut savoir dire non. Si je voulais, je pourrais travailler pour Terres de Jim de 6 heures du matin à 8 heures du soir », confie-t-il.
Bonne rentabilité de l’orge
Martin Beauvallet est installé dans une ferme de 243 hectares avec son père et son oncle. L’assolement de l’exploitation est composé de betteraves, de pommes de terre, d’orge de printemps, de blé tendre et dur, de colza et de luzerne. L’agriculteur élève aussi 180 brebis et leurs agneaux qu’il vend vivants, en direct sur l’exploitation. Pour compléter son activité, il réalise une prestation de moisson et d’arrachage de betteraves sur 350 hectares pour chaque chantier. Sans surprise, la pomme de terre arrive en tête de ses marges. Mais chose moins courante, c’est l’orge de printemps qui vient en deuxième position. « Notre terroir convient très bien à cette culture car les terres se réchauffent vite au printemps. Par ailleurs, j’apprécie sa conduite simple : un désherbage, un fongicide et 150 unités d’azote suffisent à la mener à terme ». L’agriculteur en produit d’ailleurs 100 hectares, et sa rotation est souvent composée d’orge sur orge. Quand les conditions le permettent, il en sème un peu à l’automne. Une partie de ses terres possède un très fort taux d’argile, ce qui l’oblige à labourer et à arracher ses betteraves « à l’eau ». Cela signifie que la charrue et l’arracheuse sont équipées d’un circuit qui asperge d’eau continuellement les versoirs et les soleils afin que la terre ne colle pas. « Certes, c’est tout une organisation mais, sans ce système, le labour serait beaucoup moins propre, la consommation du tracteur plus élevée et il faudrait plus de puissance pour tirer la charrue ». Dans ces terres argileuses, la pomme de terre est implantée en direct sur le labour, avec seulement un vibroculteur à l’avant du tracteur. « Je ne crains pas les mottes à la récolte, car l’argile se restructure très bien de lui-même ».
Certifié HVE 3 sans rien changer
L’exploitation de Martin Beauvallet est très dépendante de l’irrigation. Toutes les cultures sont arrosées à l’exception du colza et la surface de pomme de terre est limitée par le quota d’eau. L’agriculteur est par ailleurs président de la CUMA d’irrigation. Martin Beauvallet a été certifié HVE 3 sans rien changer à son système. Il était déjà très avancé dans ses pratiques, notamment en ce qui concerne les couverts et la fertilisation. « Le point auquel il faut faire le plus attention, c’est l’usage des produits phytosanitaires », explique-t-il. Mais l’agriculteur possède un parcellaire relativement propre qui lui permet d’utiliser des doses assez faible. « Certaines betteraves ne sont désherbées que deux fois », précise-t-il. La certification lui apporte une plus-value financière sur betterave et pomme de terre. L’agriculteur, adhérent de Cristal Union, est très confiant dans la génétique pour assurer l’avenir de la betterave. Jaunisse, rendement, cercosporiose, sécheresse : pour lui, tous ces obstacles vont être surmontés. « Pour ce qui est de la jaunisse, les semenciers ont déjà la solution », affirme-t-il.
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