La production mondiale de blé tendre et de blé dur a été estimée à 794 millions de tonnes (Mt) (+ 15 Mt sur un an) le 10 juin dernier par l’USDA, l’organisme américain de statistiques agricoles. Par rapport au mois passé, ce dernier l’a réévaluée de 6 Mt. L’Union européenne à vingt-sept produirait 137,5 Mt (+ 3 Mt), la Russie 86 Mt (+ 1 Mt) et l’Ukraine (29,5 Mt ; + 0,5 Mt). En un an, la production mondiale de blé augmenterait ainsi de 19 Mt.
En publiant ces chiffres, l’USDA pèche une nouvelle fois par optimisme ? Sur son site internet, la société russe Sevcon, spécialiste des marchés céréaliers, reproche régulièrement à l’organisme américain d’avancer des chiffres déraisonnables. Elle s’étonne « qu’il ait de nouveau revu à la hausse la production russe de blé et ce, sans avoir augmenté d’autant le disponible exportable maintenu à 40 Mt ». Or, sur les places de marché, les opérateurs ne manquent pas de réagir à la moindre annonce qui défraie les chroniques.
Pour sa part, Sevcon anticipe une récolte de blé russe de 81 Mt, davantage en phase avec l’état des cultures observé sur le terrain, selon elle. Dans la partie occidentale du pays, les conditions climatiques sont favorables à la croissance des céréales d’hiver et de printemps. Un million d’hectares (Mha) de blé d’hiver en plus que l’an passé et 13 Mha de blé de printemps (103 % de la superficie prévue) ont été semés en Russie, mentionne la société d’analyse des marchés.
Bien qu’elle soit revue à la baisse chaque mois par l’USDA, la production brésilienne de maïs serait aussi surestimée. L’organisme de statistiques avance une récolte de 98 Mt alors qu’elle pourrait ne pas excéder 95 Mt, voire 90 Mt, selon des prévisionnistes sud-américains.
Or, si ces prévisions se confirment, la campagne 2020-2021 s’achèverait avec un déficit bien plus important que celui annoncé par l’USDA et le conseil international des céréales (CIC) de 25 à 30 Mt malgré une production exceptionnelle de 1 130 Mt. Car, contre toute attente, la Chine a importé 26 Mt ces douze derniers mois.
Le CIC et la Commission européenne en phase
Aussi, le cours de la tonne de maïs atteint des niveaux records (251 € le 15 juin dernier à Bordeaux). Il est supérieur de plus 40 € à celui du blé (récolte 2021). Il y a six mois, la tonne de maïs valait moins de 190 € mais La Niña n’avait pas encore frappé et la Chine n’était pas aux achats.
Et l’Union européenne ? Tous blés confondus, la production européenne est estimée aux alentours de 134 Mt (+ 3,4 % sur un an) : 126 Mt de blé tendre et 8 Mt de blé dur, selon le CIC et la Commission européenne. Pour produire ces céréales, 21,4 Mha auraient été emblavés en blé tendre (+ 3,6 % sur un an) et 2,1 Mha en blé dur, rapporte FranceAgriMer.
En fait, la prochaine campagne céréalière 2021-2022 se joue ce mois-ci. En France, les conditions de culture des céréales sont bien meilleures que l’an passé à la même époque. Pour le blé et l’orge d’hiver, elles sont bonnes à très bonnes à 80 % environ (+ 25 points sur un an) et pour l’orge de printemps, à 84% – 86% (+ 30 points).
Les précipitations survenues au mois de mai ont rendu les céréales plus vigoureuses.
Toutefois, ces bons résultats basés sur l’observation ne donnent en aucun cas une indication des rendements à venir. Or, des doutes subsistent sur les conditions dans lesquelles s’est opérée la méiose dans les épis en formation, le mois passé. Ce stade de développement est déterminant dans le cycle de formation et de remplissage des grains. Par ailleurs, les céréales sont particulièrement vulnérables à l’échaudage.
En fait, les prochaines récoltes sont attendues avec impatience. Notre pays achèvera alors la campagne avec des stocks de report particulièrement faibles, surtout en maïs (1,8 Mt). Alors que, sur le marché européen, les céréales françaises ont connu un regain de compétitivité. 190 000 t de blé (5,88 Mt au total) et 160 000 t de maïs (4,09 Mt) en plus qu’escompté le mois passé seront exportées d’ici la fin du mois de juin, selon FranceAgriMer.