La plupart des usages en biocontrôle reposent aujourd’hui sur des fongicides à base de cuivre en anti-mildiou, mais d’autres substances vont arriver. Contre les taupins, il existe déjà une solution de biocontrôle pour diminuer les populations de ce ravageur, de plus en plus présent dans les sols.
L’efficacité du défanage en question
Le désherbage et le défanage sont les étapes les plus complexes à mettre en place sans recours aux produits de synthèse. Si le désherbage 100 % mécanique est réalisable, son degré de réussite dépend toujours des conditions météo de l’année. La base du programme testé dans les Hauts-de-France par la chambre d’agriculture passe par plusieurs étapes : débuttage à la herse étrille puis reformation des buttes dans les deux jours suivants. « La herse étrille est utilisable de la prélevée jusqu’au stade 10 cm à 20 cm de la culture. Cependant, il faut éviter tout passage de herse étrille entre le début d’émergence et le stade 5 cm de la culture », observent les conseillers de la chambre. La fenêtre d’intervention reste donc très étroite : « la réussite du désherbage mécanique nécessite à la fois un matériel adapté et des fenêtres météo favorables, pendant lesquelles il faut être disponible pour intervenir ». Le désherbage thermique a aussi été testé sur les pommes de terre. Efficace sur les jeunes adventices, surtout en cas de printemps pluvieux, il présente un coût élevé.
Pour le défanage, une solution alternative a été étudiée avec l’acide pélargonique (Belouka), couplé au broyage. Elle se révèle moins efficace que la modalité du broyage couplée à un dessicant chimique. Cette solution de biocontrôle a aussi un coût beaucoup plus élevé que le dessicant.
Maladies : algues et phosphites
Sur mildiou, le cuivre reste le principal fongicide efficace autorisé en bio, toutefois moins performant que la plupart des fongicides de synthèse. Il agit par contact et protège le feuillage avant l’infection si le dépôt est assez couvrant sur la végétation. Le cuivre est facilement lessivé par les pluies et, dans ce cas, il faut renouveler aussitôt le traitement pour maintenir la protection vis-à-vis du mildiou sur les feuilles en formation.
D’autres biofongicides sont testés chaque année par les instituts techniques, mais la réponse est jugée encore insuffisante. Les substances donnant le meilleur résultat sont les phosphites, les extraits d’algues et certains extraits de plantes. « Les apports de biostimulants à base d’algue réalisés en 2020 semblent intéressants. Les résultats sont à confirmer en 2021 » déclare Francesca Degan, ingénieur chez Arvalis. Assez rapidement, un biofongicide devrait arriver contre le mildiou : le DSPF 016 est en attente d’homologation, à base de phosphonate de potassium. Il pourrait s’appliquer seul ou en association avec une dose de 50 % de fongicide conventionnel.
En pratique, d’autres substances telles que la poudre de roche, les décoctions de prêle et des huiles essentielles peuvent s’appliquer en agriculture biologique. Mais les essais de l’Itab n’ont pas montré d’efficacité suffisante de ces moyens contre le mildiou.
Face au rhizoctone brun, les mesures de prévention restent le meilleur levier. En particulier, il est conseillé d’éviter un précédent betteraves ou sarrasin avant les pommes de terre et d’éviter des apports importants de matière organique, de plus de 25 t/ha de fumier. L’itinéraire culture doit être adapté, avec des plants certifiés, une plantation dans un sol réchauffé à plus de 10°C et un arrêt de l’irrigation avant la récolte. Des agents de biocontrôle sont actuellement testés contre le rhizoctone brun, en particulier des champignons antagonistes Rhapsody (Bacillus subtilis) et Tri Soil (Trichoderma viride). Le premier bilan est mitigé : « les solutions Tri-Soil et Rhapsody montrent des résultats aléatoires », observe Mathilde Lheureux, spécialiste biocontrôle de la chambre d’agriculture des Hauts-de-France.
Ravageurs : un anti-taupin
Parmi les ravageurs du sol, les taupins sont en recrudescence et susceptibles de causer des dégâts sur tubercules. Une solution est arrivée avec l’insecticide du sol Success GR. Ce microgranulé à base de spinosad, substance naturelle produite par une bactérie du sol, est agréée biocontrôle et AB. Selon Stéphanie Fournol de Corteva, « Success GR forme un bouclier de protection entre le plant et les ravageurs pour un démarrage optimal de la culture ». Agissant à la fois par contact et par ingestion, il bloque l’activité des larves du ravageur, provoquant leur paralysie et leur mort. Les microgranulés s’appliquent dans le sillon de la plantation, grâce à un diffuseur spécifique. Dans les essais Arvalis réalisés entre 2014 et 2018, Success GR a montré une efficacité moyenne équivalente à la référence pyréthrinoïde, pour un coût d’environ 60 €/ha. Une autre formulation de Success 4 est homologuée pour le contrôle des doryphores en végétation. Parmi les solutions anti-ravageurs, des extraits d’algues sont testés contre les nématodes. Enfin, l’effet de certains couverts végétaux n’est pas à négliger, comme la moutarde, pour prévenir les éclosions de nématodes à galles et la verticilliose.