Pilotés depuis 2014 par les régions, les Programmes de développement rural (PDR) constituent le principal volet du second pilier de la PAC. La programmation actuelle (2014-2020) va être prolongée de deux années en attendant la mise en place de la prochaine PAC, et les PDR vont être abondés par les crédits du plan de relance européen spécialement affectés au Feader. Cet argent va surtout profiter aux programmes d’investissement, en augmentant le plafond des aides pour l’ensemble des exploitations. Le point avec les vice-présidentes en charge de l’Agriculture dans quatre régions betteravières.
Normandie
La région prévoit une augmentation très significative des crédits du second pilier de la PAC pour les deux années de transition afin de soutenir les entreprises et les filières agricoles. « Pour 2021-2022, les crédits du Feader vont être abondés de 48,5 M€ par le plan de relance européen », explique Clotilde Eudier, vice-présidente de la région Normandie. « Au total, nous avons 205 M€. C’est beaucoup plus que pour la période 2014-2020, puisque l’on passe de 60 M€ par an en moyenne, à 102 M€ pour 2021 et 2022. La moitié de l’enveloppe va être consacrée à l’investissement agricole et nous doublons les plafonds des aides. Concernant la betterave, beaucoup d’entreprises de travaux agricoles ont encore des arracheuses sur les bras, suite à la fermeture de la sucrerie de Cagny et connaissent des difficultés financières importantes. Nous avons ouvert les aides pour les machines d’occasion en ce qui concerne les ETA et les matériels de précision. J’encourage tous les betteraviers qui veulent investir dans du matériel pour la transition écologique, ou passer en bio, à saisir cette occasion ».
Île-de-France
Le plan de relance européen permet d’augmenter les fonds Feader de 40 %. Le montant total Feader pour l’Île-de-France s’élève à 25 M€, dont 8 M€ viennent du plan de relance européen. « Il y aura donc 12,5 M€ par an pour 2021 et 2022, ce qui permet de déplafonner les aides à l’investissement pour l’ensemble des exploitations franciliennes », explique Alexandra Dublanche, vice-présidente de la région Île-de-France. « Par exemple, la région double le plafond pour l’élevage, qui passe de 200 000 à 400 000 €, et il est quadruplé pour les projets de stockage, notamment pour les pommes de terre, puisqu’il passe de 50 000 à 200 000 € ».
Grand Est
Le plan de relance européen a bien boosté le Feader. « Nous étions sur une moyenne annuelle de 100 M€. Maintenant, nous avons 236 M€ de Feader socle et 68 M€ venant du plan de relance pour les deux années de transition. Nous arrivons à 150 M€ par an », se félicite Pascale Gaillot, vice-présidente de la région Grand Est. « Nous sommes en fin de programmation (2014-2020) et c’est maintenant que les agriculteurs utilisent bien les outils du Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (PcAE). Nous allons pouvoir assurer sereinement toutes les demandes qui ont été formulées sur les mesures environnementales et la conversion en bio. Grâce au Feader “relance“, la région va doubler les plafonds sur la Champagne-Ardenne et la Lorraine pour retrouver un équilibre avec l’Alsace qui avait des plafonds plus importants. On va mettre beaucoup de budget sur la forêt et l’agroalimentaire, un secteur qui est dans une dynamique d’investissement sans précédent ».
Hauts-de-France
Les crédits du Feader sont habituellement de 35 M€ par an pour la région. Ils passeront à 50 M€ par an pour 2021 et 2022. « L’essentiel des moyens est mis sur le PcAE, c’est-à-dire l’investissement productif des exploitations (bâtiment d’élevage ou de stockage, agroéquipement), et le matériel de lutte contre le changement climatique », déclare Marie-Sophie Lesne, vice-présidente de la région Hauts-de-France. « Nous avons beaucoup de demandes, environ 1 000 dossiers par an. Nous avons augmenté les plafonds des dépenses éligibles. Pour les investissements qui ont un impact sur l’environnement, comme les bineuses ou le semis direct, le plafond passe de 80 000 € à 120 000 €. Nous avons aussi mis en place un fonds pour aider les producteurs de pommes de terre à mettre aux normes leurs bâtiments, suite à l’interdiction du chlorprophame (CIPC). Nous sommes parvenus à faire participer l’État et nous ouvrons le dispositif sur la base de 7 M€ de crédit pour commencer en 2021. Les agriculteurs doivent profiter de ces deux années de transition, c’est une belle opportunité ».
La politique de développement rural s’appuie largement sur des programmes et des crédits européens. Pour la programmation 2014-2020, l’enveloppe française du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) s’élevait à 11,4 Md€. Ces fonds sont mobilisés à travers les Programmes de développement rural (PDR), dont la gestion a été confiée en 2014 aux Conseils régionaux qui sont chargées d’élaborer les PDR, dans le respect du cadre national négocié entre l’État et les régions. Les régions de grandes cultures bénéficient d’une enveloppe dédiée aux PDR plutôt réduite (300 M€ en moyenne sur l’ensemble de la programmation). Les régions d’élevage bénéficient d’une enveloppe plus importante, notamment grâce à l’indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN).