On a bien cru que la graine de colza allait toucher les 700 € la tonne, au cours de la dernière quinzaine, tant les courbes ne semblaient plus s’orienter que vers le haut. Mais ce ne sera pas le cas. Au plus haut, le 8 octobre, le cours a atteint 676 €/t sur le marché physique Fob Moselle, avant de retomber le 12 octobre à 650 €/t. Le gain, pour les producteurs de colza, est encore de plus de 50 €/t par rapport à la moyenne du mois de septembre. Le rendu Rouen affiche le même prix de 650 €, et les marchés à terme, après s’être affolés, refluent également : les contrats à échéance de novembre sur Euronext affichent, le 12 octobre, 650 €, en recul de 18 € par rapport à la veille. L’échéance de février 2022 est à 642 €, celle de mai à 630 € et les échéances suivantes à 530 €. La volatilité s’invite et les marchés ne croient pas à un maintien des prix au niveau actuel pour l’an prochain. Mais nul n’est devin…

Car pour l’heure, les usines de trituration se livrent à une bataille féroce partout dans le monde pour obtenir les précieuses graines. L’offre et les disponibilités sont au plus bas, essentiellement en raison de la récolte catastrophique au Canada et de la très faible collecte en Europe, alors que la demande en produits transformés est au contraire au plus haut. Avec la hausse du prix du pétrole, la demande en biocarburants explose. La demande mondiale d’alimentation animale, humaine et d’huiles devient un sujet sensible pour tous les gouvernements. Et, par conséquent, ce sont toutes les matières premières agricoles qui flambent, colza en tête.

La fièvre actuelle va-t-elle durer ? La plupart des économistes pensent que non. Après la flambée des prix due au rattrapage de la croissance post-covid, les tensions devraient diminuer. Dans le complexe oléagineux, il faut noter que, déjà, les cours du soja ne suivent pas du tout ceux du colza. Le 12 octobre, à Chicago, la tonne de soja s’échangeait à 450 $, soit 200 $ de moins que le colza, un écart jamais vu dans le passé tant les deux marchés se tiennent habituellement par la barbichette. Tout le monde s’attend à ce que la récolte américaine en cours, dont un tiers est déjà collectée, soit revue à la hausse – alors que les exportations et la demande domestique seraient plutôt revues à la baisse. Du côté de l’Amérique du Sud, les prévisions de récolte ont été également revues à la hausse, à 140 Mt pour le Brésil et à 44 Mt pour l’Argentine. Des données qui douchent toute velléité de flambée de prix. Mais il n’y a pas non plus de chute brutale des cours à l’horizon 2022, les contrats à terme à échéance longue pour le soja affichant les mêmes niveaux de prix que les cours actuels, contrairement à ce qu’on observe pour le colza. Pour les producteurs de colza européens, il s’agit donc de goûter l’instant, et d’espérer qu’il dure un bon moment…