À la veille des arbitrages qui vont engager les aides PAC pour la période 2023-2027, les syndicats agricoles spécialisés dans les grandes cultures tirent la sonnette d’alarme sur les propositions mises sur la table dans le cadre du Plan Stratégique National (PSN), qui risquent de pénaliser de nouveau les exploitations de grandes cultures.
Les orientations qui pourraient être prises par le ministère français de l’Agriculture, notamment sur le rythme de la convergence des aides, le taux de paiement redistributif, ou l’accès à l’éco-régime, risquent de faire perdre une partie substantielle des aides directes aux grandes cultures, estiment-ils. « En accord avec la position de la FNSEA exprimée en janvier dernier, nous demandons une PAC basée sur une approche économique et responsable », exposent les présidents Daniel Peyraube (AGPM), Éric Thirouin (AGPB), Franck Sander (CGB) et Arnaud Rousseau (FOP). Et de poursuivre : « nous alertons avec force tous les acteurs sur les dangers pour la pérennité de nos filières céréalière, sucrière et oléoprotéagineuse ».
Avec moins d’un Smic en moyenne par an ces 8 dernières années, les revenus moyens des producteurs de grandes cultures sont historiquement bas. Cette situation découle, selon les quatre présidents, de choix purement politiques et idéologiques lors des deux précédentes réformes de la PAC : « c’est une somme faramineuse d’1 milliard d’euros par an de perte directe pour les grandes cultures par rapport à 2007 ! Aujourd’hui, en moyenne, les aides aux exploitations de grandes cultures sont inférieures de 30 % au montant moyen des aides en France. »
Les syndicats spécialisés formulent plusieurs demandes au ministère :
– Le revenu des producteurs de grandes cultures doit être sécurisé par les aides du 1er pilier, l’augmentation des transferts vers le second pilier doit donc cesser.
– La convergence des aides doit être limitée et compensée pour les situations les plus impactées.
– Les aides couplées doivent être adaptées afin de compenser les effets de la convergence et favoriser la structuration des filières, voire par le développement de programmes opérationnels.
– L’Eco-régime, destiné à accompagner la transition agroécologique, doit être accessible à tous et sans distinction de modèles, avec la reconnaissance de schémas de certifications tels que la certification environnementale de niveau 2 et la certification maïs. Aussi, la certification des pratiques, telle la certification environnementale de niveau 2, la certification maïs, comme le recours à des pratiques agronomiques vertueuses, doivent permettre l’accès à ces programmes.
– Le taux du paiement redistributif doit être limité à 10 % et s’appliquer jusqu’à la dimension moyenne des exploitations françaises (63 ha).
– Une protection des exploitations face à la multiplication des aléas grâce au développement des outils de gestion des risques et plus particulièrement de l’assurance climatique, avec un déclenchement dès 20 % de perte.
– Un soutien amplifié à l’investissement pour les exploitations de grandes cultures afin de favoriser les transitions et en particulier pour les zones intermédiaires, ces territoires aux potentiels de production limités par des contraintes naturelles, nécessitant en effet une aide complémentaire.