Fruit d’une réflexion menée en 2020 avec ses dirigeants, élus et salariés, la filière luzerne déshydratée a présenté, le 4 mars, son plan stratégique, baptisé « Luzerne 2026, pour une protéine durable du champ à l’assiette ». Pourquoi 2026 ? « C’est une réflexion et des objectifs pour les cinq ans à venir », explique Éric Guillemot, le directeur général de La Coopération agricole – Luzerne de France. « En 2026, la plupart des cadres actuels seront encore en activité. Ils sont donc particulièrement concernés par notre projet », précise Éric Masset, le président de Luzerne de France.
Trois axes de performance sont présentés dans le rapport : environnemental, socio-économique et nutrition / bien-être animal.
La luzerne présente de nombreux avantages pour l’environnement selon ses producteurs : « c’est une légumineuse. Elle capte l’azote de l’air nécessaire à sa croissance et n’a pas besoin d’apport minéral. Elle restitue ensuite l’azote dans le sol grâce à ses racines, servant ainsi d’engrais naturel. C’est une plante qui nécessite également peu de travail », rappelle Thierry Tissut, agriculteur près de Troyes (aube). Par ailleurs, la filière a fortement amélioré ses bilans carbone et énergétique ces dernières années.
Soutenir l’attractivité de la filière
Luzerne de France souhaite faire reconnaître les avantages technico-économiques d’un assolement comportant de la luzerne, tels que les économies sur les charges de mécanisation, le temps de travail ou la fourniture d’azote gratuit à la culture suivante. Enfin, la contribution de la filière à la lutte contre le changement climatique va s’intensifier. D’ici 2026, l’ambition est de diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 83 % par rapport à l’année 2005. La filière les a déjà diminuées de 60 % aujourd’hui.
Mais avec seulement 67 000 hectares cultivés pour la déshydratation (environ 350 000 ha au total en France), la luzerne reste une petite filière. « C’est une plante orpheline qui n’a pas accès à la recherche variétale. Nous avons des besoins de financement pour renforcer son attractivité », insiste Éric Masset. Luzerne de France souhaite s’appuyer sur des dispositifs de soutien publics (aides couplées et « eco-schemes » de la PAC 2023) et privés. Pour ce dernier point, des Paiements pour services environnementaux (PSE) sont à l’étude pour un montant compris entre 200 et 300 euros / hectare, ainsi qu’un label bas carbone. « Cela permettra de soutenir l’attractivité la filière et son développement dans une transition écologique qui imposera ses produits comme une solution logique, pour des filières animales durables d’excellence », affirme Éric Guillemot.