En 2020, les semis ont été effectués à partir du 19 mars (date médiane au 27 mars), globalement dans de bonnes conditions. Les levées ont été rapides, mais un vent de nord-est a desséché le lit de semences et a entraîné des doubles levées sur 25 % des parcelles.
Les premiers pucerons verts sont ensuite arrivés massivement dès la mi-avril. Ils ont attaqué par vols successifs, réguliers et intenses, jusqu’à la mi-juin, entraînant, dès le 10-15 mai, des phénomènes de cloquage sur les premières feuilles.
Pourtant, les premiers aphicides ont été déclenchés dès la fin du mois d’avril. Ils ont été suivis de trois autres interventions, afin de protéger toutes les levées de betteraves. Mais les résultats de ces traitements se sont avérés le plus souvent médiocres.
La levée tardive : un facteur d’aggravation
En 2020, les levées tardives ont été touchées par les pucerons à un stade encore plus précoce que les premières levées. Le retard de levée a alors masqué l’apparition des symptômes mais, dès le 15 juillet, plus aucune différence sur la gravité jaunisse ne subsistait. Au final, les parcelles impactées par ce double phénomène ont probablement subi des pertes supérieures (bien que difficilement estimables) à celles concernées uniquement par la jaunisse.
Dans certaines parcelles, les doubles levées peuvent être assimilées à des dates de semis tardives, du fait du très faible nombre de betteraves levées. Une extrapolation peut donc être faite sur l’efficacité de la technique consistant à retarder les semis pour lutter contre la jaunisse : son intérêt paraît très limité. Il ne faut pas extrapoler de solutions efficaces en cultures d’hiver à une culture de printemps. Aucune stratégie d’évitement ne peut être performante sur des populations de pucerons qui se maintiennent pendant tout le printemps.
La protection se joue entre les stades cotylédons et 10 feuilles
L’ITB constate une forte corrélation entre la fréquence de pucerons verts au T1, avant le stade 10 feuilles des betteraves, et la fréquence de betteraves atteintes par la jaunisse (figure 1).
La maîtrise de la jaunisse est possible, mais pas parfaite, si moins de 40 % des plantes sont colonisées par des pucerons verts.
Si la fréquence de plantes avec pucerons dépasse les 40 % avant 10 feuilles, le nombre de plantes contaminées devient trop important. Il est alors difficile de contrôler la dissémination des virus dans la parcelle, ce qui entraîne un développement exponentiel de la jaunisse. Dans ce cas, la maîtrise de la jaunisse devient compliquée, voire impossible.
Dans la situation de 2020, sur des parcelles avec plus de 80 % de plantes colonisées par des pucerons dès le T1, et avec des vols prolongés de pucerons, il était impossible de limiter la contamination des betteraves avec les moyens à disposition.
Apres quelques semaines de prise en main pour bien maîtriser le contrôle de l’irrigation, des éclairages et de l’hygrométrie, les premières expérimentations ont été mises en place. La serre de l’ITB, avec sa température constante à 20 °C et une durée d’ensoleillement de 11 heures, permet un développement foliaire accéléré.
Les premiers tests réalisés concernent la jaunisse et l’efficacité des traitements de semences avec des doses réduites de néonicotinoïdes (75 % de la dose AMM). Trois modalités sont étudiées :
- le Gaucho 600 FS à 67,5 grammes par unité,
- le Cruiser SB à 47 grammes par unité,
- le traitement de semences standard, comme référence.
Le semis a été réalisé le 4 décembre et la première inoculation de pucerons verts Myzus persicae a été réalisée le 22 décembre, au stade 2 feuilles vraies, sur chacune des modalités. L’inoculation consiste à apporter un fragment de feuilles porteur de dix pucerons verts aptères au cœur des betteraves. Un comptage est réalisé tous les sept jours.
Apres 60 jours, les betteraves traitées aux néonicotinoïdes ont atteint le stade 14 feuilles et ont subi trois inoculations.
A ce jour, les pucerons verts ne les ont toujours pas colonisées. En revanche, bien qu’elles n’aient été inoculées qu’une fois, les betteraves témoins (sans néonicotinoïdes) sont colonisées par 300 pucerons en moyenne. Leur croissance est ralentie : elles n’atteignent aujourd’hui que le stade 12 feuilles.