C’est une étude inédite que vient de réaliser l’Observatoire national des ressources en biomasse (ONRB). Créé en 2009 par FranceAgriMer, il dresse le bilan 2020 des ressources agricoles et agroalimentaires disponibles en France. Il s’agit d’un état des lieux des coproduits et résidus des productions agricoles et ceux issus de la transformation. « Cette étude a pour but d’éclairer les pouvoirs publics et les porteurs de projets sur la disponibilité en biomasse et de prévenir d’éventuelles concurrences d’usage », explique Lisa Chênerie, responsable de l’unité Analyses transversales et Bioéconomie de FranceAgriMer. Très complète et détaillée, elle n’est pourtant pas exhaustive. « Il peut y avoir des volumes non valorisés et d’autres sur lesquels nous avons peu d’informations sur leurs usages, comme pour la méthanisation », révèle Lisa Chênerie.
Dans les grandes cultures, « le plus gros gisement est sur les pailles de céréales. C’est une ressource bien valorisée en litière », constate Loïc Monod, chargé de mission au sein de l’unité Analyses transversales et Bioéconomie de FranceAgriMer. Le volume théorique disponible est de 13,3 Mt de matière sèche par an, dont 10,1 Mt sont utilisées en litière. En revanche, les cannes de maïs (estimées à 12 Mt), les pailles d’oléoprotéagineux (15 Mt) et les fanes de betteraves (2,1 Mt) ne sont pas ou peu récupérées aux champs, pour des raisons techniques ou économiques.
Du côté de la transformation, le contexte est sensiblement différent. Les coproduits des industries céréalières (sons, drêches, gruaux…) sont valorisés dans leur très grande majorité en alimentation animale. Il n’existe pas d’utilisation énergétique connue de ces coproduits, bien que leur potentiel énergétique soit non négligeable par combustion ou par méthanisation (le son de blé présente un potentiel de l’ordre de 250 m3 de biogaz par tonne), soulignent les auteurs du rapport.
De nouvelles valorisations
Pour la betterave, « il y a un potentiel de valorisation des coproduits, en particulier sur la méthanisation pour les vinasses et la pulpe, dont le pouvoir méthanogène est intéressant », précise Loïc Monod. L’essentiel des pulpes est valorisé en alimentation animale. Mais la situation concurrentielle sur la pulpe conduit le secteur à étudier d’autres voies de valorisation, comme les matériaux (papeterie et construction) et la production de biogaz par méthanisation, indique FranceAgriMer.
L’étude de l’ONRB est riche d’enseignements quant à la diversité de la biomasse disponible en France. « Il y a une ressource importante, mais le potentiel est parfois difficilement identifiable. Nous travaillons à améliorer les connaissances sur les usages afin de mieux valoriser cette biomasse », insiste Lisa Chênerie. Une Commission thématique interfilières (CTI) Bioéconomie a été créée en août 2019 au sein de FranceAgriMer, dans le cadre du plan d’action national sur la bioéconomie. L’objectif est justement d’améliorer les connaissances des marchés de valorisation non alimentaire des bioressources et d’élaborer des recommandations, pour améliorer leur visibilité et leur fonctionnement.