Après de longs mois de négociations, l’Union européenne et le Royaume-Uni sont parvenus à un accord commercial in extremis sur le Brexit, le 24 décembre. « Le chemin a été long et semé d’embûches, mais nous sommes parvenus à un accord équilibré, dans l’intérêt des deux parties », a affirmé la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen. Un Brexit dur aurait été catastrophique pour de nombreuses filières agricoles françaises (lire Le Betteravier français n°1121, page 10). Plus de peur que de mal donc pour la filière sucre, avec cet accord dit « de commerce et de coopération » qui s’applique de manière provisoire depuis le 1er janvier, en attendant le vote du Parlement européen. Aucun droit de douane ne sera prélevé sur du sucre ou de l’éthanol quittant l’Union à 27 pour le Royaume-Uni (et vice-versa). Les règles d’origine sont maintenues. « Un sucre brésilien importé au Royaume-Uni pour y être raffiné ne devient pas britannique mais reste brésilien. Il ne peut donc pas rentrer sur le territoire de l’UE à 27 sans payer les éventuels droits de douane correspondants », explique Timothé Masson, directeur des affaires internationales à la CGB.
Le cas des contingents
En cas de pratiques commerciales jugées déloyales (dumping), des clauses de sauvegarde pourront être activées, tout comme en cas de swap (sucre de betteraves britanniques excédentaires). « Le Royaume-Uni s’est nouvellement octroyé un contingent propre, sans droit de douane ni mention d’origine, pour 260 000 t de sucre brut à des fins de raffinage. Ce contingent est annuel, et ouvert depuis le 1er janvier dernier. C’est donc d’autant moins de disponibilité pour le sucre communautaire », prévient Timothé Masson. Le Royaume-Uni conserve également ses possibilités d’importation de sucre en provenance des pays ACP/PMA, et celles garanties par les accords de libre-échange existants. Par ailleurs, l’accord ne limite pas les possibilités pour le Royaume-Uni de tisser de nouveaux accords de libre-échange hors de l’Union. « Nous aurons une relation commerciale solide avec l’UE et approfondirons nos échanges avec nos partenaires dans le monde entier, grâce à notre politique commerciale indépendante », a d’ailleurs affirmé Liz Truss, la Secrétaire d’État au Commerce extérieur britannique. Les flux actuels sont donc maintenus sur le papier, « mais il est fortement à craindre que la moindre compétitivité du sucre français, par rapport aux nouvelles possibilités d’importation de sucre par les Britanniques, ne limite sa présence sur le court et le moyen terme », estime Timothé Masson. Pour rappel, la France exportait 300 à 400 000 tonnes de sucre vers le Royaume-Uni, chaque année.
Concernant le bioéthanol, la perte de marché du fait de mesures similaires semble moindre, selon la CGB : la hausse de consommation de bioéthanol en France rend caduc, à court terme, le débouché britannique, il était déjà en nette baisse ces dernières années.