Rien qu’en décembre, le maïs comme le soja ont pris 12 %, et le blé 8 %. Le sucre a quelque peu tardé à réagir. Il fallait attendre la digestion, par le marché, des annonces du gouvernement indien à propos de ses subventions à l’export. Une fois de plus, elles sont très généreuses : le gouvernement espère exporter 6 Mt sur la campagne 2020-2021, et déboursera 476 millions de dollars pour cela sur la campagne.
L’annonce n’a cependant pas fait trembler le marché, et le sucre raffiné a poursuivi sa tendance haussière pour atteindre désormais les 440 $/t, ce que l’on n’avait pas vu depuis mai 2017. C’est d’autant plus remarquable que les fonds spéculatifs ont, dans le même temps, réduit leur appétit pour le sucre brut. Ils sont désormais nets-acheteurs de 7,5 Mt : c’est beaucoup, mais bien moins qu’à la mi-novembre où ils l’étaient d’environ 10 Mt.
Ce sont donc bien les fondamentaux qui sont à l’œuvre, avec une pénurie relative de sucre sur le court terme, d’ici la reprise de la campagne brésilienne en avril prochain.
En Europe, les opérateurs ont été soulagés de voir un dénouement positif du Brexit. Mais seulement à court terme car, à long terme, les provenances de pays tiers, assouplies au Royaume-Uni, devraient limiter les sucres venant de l’Union à 27. Dans ces conditions, le marché du spot se maintient, mais sur des volumes limités : la majorité du sucre a déjà été vendue. Heureusement pour les acheteurs car, en cas de nouvelles commandes, les prix risquent de s’envoler quand on voit le manque de disponibilité, en Europe, mais aussi chez les pays traditionnellement fournisseurs de l’Union, comme l’Île Maurice.
Enfin, le pétrole est lui aussi à la fête : le baril de Brent dépasse désormais les 55 $, un niveau qui nous ramène avant la crise de la Covid-19. Mais il n’a aucun impact sur le marché de l’éthanol carburant en Europe, toujours malmené sur le spot par le confinement allemand. L’échéance de février atteint tout de même les 53 €/hl, et les 56 €/hl sont de retour sur les échéances du printemps.