Face à la montée des vulpins et des ray-grass résistants, le désherbage devient parfois un vrai casse-tête. Les instituts techniques ont diffusé une note commune pour rappeler les principes d’anti-résistance. À savoir : la nécessité d’alterner les modes d’action dans une même culture. Dans un blé, ces programmes sur vulpin ou ray-grass peuvent se bâtir sur deux traitements, avec des modes d’action herbicides différents. Une première application intervient avec un ou des produits racinaires à l’automne (groupes K ou N), puis un rattrapage de sortie d’hiver avec un produit foliaire (groupe A de l’ACCase) ou (groupe B inhibiteur de l’ALS). L’association d’au moins deux herbicides de modes d’action différents offre aussi une solution efficace pour réduire le risque de sélection de résistances. Il faut toutefois que l’adventice s’avère sensible à l’un des deux produits.
Sans graminées résistantes
Là où les ray-grass et les vulpins sont encore contrôlés par les antigraminées en sortie d’hiver, plusieurs solutions restent possibles, à la condition d’intervenir sur de jeunes plantules d’adventices. La réussite repose aussi sur de bonnes conditions d’application. C’est-à-dire : un air à hygrométrie de plus de 70 % et une température optimale entre 8 et 15°C pour les herbicides de la famille des fops et entre 3 et 15°C pour les sulfonylurées. Le volume de bouillie peut être réduit à 50 l/ha avec les sulfonylurées. Dans le cas des produits foliaires de contact, le volume de bouillie minimum est de 50 l/ha avec des buses à fente classique et de 80 l/ha avec des buses à injection d’air. Pour éviter les phytotoxicités, il est conseillé d’attendre au moins 7 jours après le désherbage avant d’appliquer un engrais liquide ou un correcteur de carence.
Face à des graminées résistantes
Si les populations de ray-grass et de vulpin présentes dans les blés s’avèrent résistantes, la marge de manœuvre devient étroite, voire nulle. Quand ces graminées se montrent résistantes aux deux groupes d’herbicides – les foliaires du groupe A (Axial, Traxos, clodinafop…) et les sulfonylurées du groupe B (Atlantis, Archipel, Abak, Octogon…) -, l’association de deux produits issus de chacun des groupes ne peut pas résoudre une situation de résistance, surtout à des doses réduites. Le mélange de deux produits à dose pleine est coûteux et « sans garantie d’efficacité », selon Arvalis. Cependant, s’il n’existe qu’un seul type de résistance dans un bassin céréalier, « ces substances actives herbicides doivent être utilisées en association », recommande Fabien Massot, expert technique en désherbage chez Syngenta.
En présence de dicots
En fin d’hiver, les levées de dicotylédones (gaillets, matricaires, vivaces) ne sont pas à négliger. À l’apparition des plantules, le rattrapage en sortie d’hiver est alors vivement conseillé. « Il faut veiller à appliquer les produits et les doses en fonction des dicotylédones les plus avancées », rappelle Arvalis. Là aussi, le choix des herbicides est à faire en fonction des risques de résistance. Les coquelicots résistants aux herbicides inhibiteurs de l’ALS (groupe B) et aux herbicides du groupe des auxiniques, sont déjà bien installés. Des cas de résistance se manifestent sur d’autres espèces de dicots comme la matricaire, le laiteron, le séneçon commun et la stellaire.
L’effet adjuvant
Pour optimiser l’application et la rétention des herbicides, les adjuvants apportent un « plus ». Cependant, ils ne compensent pas une dérive d’efficacité liée à une population résistante, ni de mauvaises conditions de traitement (vent, froid, faible hygrométrie…). Les mouillants (Silwett, Sticman, Surf 200, Gondor, Cantor, Heliosol…) permettent un meilleur étalement des gouttes et leur adhésion sur les feuilles. Ils s’appliquent avec des herbicides de contact et des antigraminées inhibiteurs de l’ALS (sulfonylurées, etc). En général, les mouillants sont un peu plus sélectifs que les huiles sur la culture. Les huiles (Actilandes, Actirob…) s’appliquent quel que soit le volume de bouillie, avec des produits tels que les fops et les sulfos. Ils favorisent l’étalement et la pénétration sur les feuilles de céréales. Le sulfate d’ammonium (Actimum) a un effet humectant et s’applique avec les sulfonylurées. Selon Arvalis, l’ajout de sulfate d’ammonium à un mélange d’antigraminées WG + huile a fait ses preuves, avec un gain de 10 points d’efficacité en moyenne. Avec des formulations OD (oil dispersion), ce mélange permet également un gain de quelques points d’efficacité, mais il n’est pas sans risque de phytotoxicité.
– Groupe A des herbicides inhibiteurs de l’ACCase
Fops : clodinafop (Célio, etc), fluazifop…
Dens : pinoxaden (Arial, etc)
Dims : cléthodime (Centurion, etc)
– Groupe B des herbicides inhibiteurs de l’ALS
Sulfonylurées : iodosulfuron (Atlantis), metsulfuron (Allié), flupyrsulfuron (Lexus)
Triazolopyrimidines : pyroxulame (Abak) florasulame (Primus)
Triazolinones : propycarbazone (Attribut)
– Groupe des herbicides auxiniques
2,4 D (Lonpar)
MCPA (Ariane)