C’était une annonce très attendue par les planteurs de Cristal Union. Depuis le 13 juin ils ont désormais deux objectifs de prix communiqués par leur coopérative. « Pour 2022, nous nous fixons un nouvel objectif de 35 €, bien au-delà donc des 30 € que nous avions annoncés en décembre. Et pour la campagne betteravière 2023, en l’état actuel de nos connaissances des marchés, un objectif de 40 € la tonne nous paraît raisonnable », a déclaré le président Olivier de Bohan, lors de la présentation des résultats annuels de Cristal Union pour l’exercice 2021-2022.
Une annonce beaucoup plus précise que celle distillée lors des assemblées générales de section, et qui a été rendue possible au vu des derniers contrats de vente, avec des prix du sucre en hausse de 25 % depuis 1 an et qui devraient le rester, estime Stanislas Bouchard, directeur général adjoint.
Dirigeants plus sereins
Les dirigeants de Cristal Union sont également plus sereins. « Nos bons résultats confirment une fois de plus la pertinence de notre stratégie lancée depuis plusieurs années. Notre repositionnement sur le marché européen, la réorganisation de notre outil industriel, la forte politique d’investissements avec un effort majeur porté sur la décarbonation de nos activités portent leurs fruits », a déclaré Xavier Astolfi, directeur général de Cristal Union.
Lors de la conférence de presse, Cristal Union a en effet annoncé des résultats en amélioration cette année, avec un chiffre d’affaires sur l’exercice 2021-2022 de 1,8 milliard d’euros, en progression de 6,4 % (+105 M€). L’Ebitda consolidé est lui aussi en hausse de 5 M€, à 206 M€ ; et le résultat net augmente de 40 % à 97 M€. « Cristal Union affiche enfin une structure financière particulièrement solide avec un niveau de capitaux propres à 1,2 Md€ et un endettement maîtrisé, comme en témoigne le ratio d’endettement contractuel de 27,5 % », a détaillé Xavier Astolfi.
Pour les coopérateurs de Cristal Union, ces résultats se traduisent par une rémunération de leurs betteraves en hausse de 4 € sur 2021-2022, à 29,37 €/t.
La campagne betteravière 2021-2022 est qualifiée de bonne par Cristal Union, malgré deux sérieux aléas qui ont causé de grosses pertes de betteraves : un épisode de gel historique qui a nécessité le ressemis de 30 000 ha et une contamination par des herbicides non conformes de la société Adama qui a touché 8 200 ha, causant la perte de 570 000 tonnes de betteraves. Si les betteraviers ont été indemnisés individuellement, cela représente une perte de 75 000 t de sucre pour la coopérative. « Sans ce sinistre, nous aurions très vraisemblablement rémunéré la betterave au-dessus de 30 €/t », calcule Xavier Astolfi.
Cap sur l’autonomie énergétique
Dans un contexte d’explosion des coûts énergétiques (le prix du gaz a été multiplié par cinq en un an) Cristal Union poursuit sa stratégie de décarbonation vers l’autonomie énergétique.
Ce plan a déjà permis, entre 2010 et 2020, de réduire de 15 % les émissions de gaz à effet de serre, de 8 % la consommation d’énergie et de 65 % l’eau prélevée sur l’ensemble de ses sites. D’ici à 2030, l’objectif est de réduire de 35 % les émissions de gaz à effet de serre et de 17 % la consommation d’énergie. Les sucreries visent à être autonomes en énergie, notamment par l’installation de méthaniseurs qui fonctionneront avec des pulpes de betteraves.
Bien que des contrats de fourniture aient été signés pour cet automne, le gaz reste une épée de Damoclès sur l’activité sucrière. En cas de forte demande au niveau européen, des délestages sont en effet prévus et le gouvernement est en train d’identifier les sites prioritaires. Cristal Union (comme toute la filière sucre) demande que l’industrie sucrière soit classée prioritaire pour la fourniture de ses usines en gaz. Il serait inconcevable d’arrêter les traitements des betteraves en pleine campagne !