C’est une belle amélioration des bilans carbone et énergétique de la luzerne que vient de révéler une étude de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). L’analyse du cycle de vie (ACV) de cette filière, effectuée sur la période 2016-2019, constate un quasi-doublement du solde positif net de carbone stocké par tonne de produit déshydraté (de 218 kg à 391 kg), par rapport à la précédente étude portant sur 2006-2009. Le bilan énergétique affiche quant à lui désormais un solde positif net de 1,2 Giga Joule (GJ) par tonne de produit fini alors qu’il était négatif de -3,6 GJ en 2006-2007. Cela signifie que la quantité d’énergie contenue dans une tonne de produit fini est supérieure à celle qu’il faut dépenser pour l’obtenir. L’Inrae souligne que ces bilans concernent la totalité du process, du semis de la culture jusqu’au stockage du produit fini. Sur la période 2018-2019, la filière luzerne déshydratée a ainsi contribué à l’effort national de réduction des gaz à effet de serre en stockant 1,15 million de tonnes de CO2.
De lourds investissements
Pour parvenir à cette transformation, la filière a modifié ses méthodes de production ces dernières années. « Nous avons déployé le préfanage au champ et introduit de la biomasse dans nos fours de déshydration comme source d’énergie à la place du charbon », rappelle Éric Guillemot, le directeur général de la Coopération agricole – Luzerne de France. Cela a nécessité des investissements conséquents. « La biomasse utilisée dans les fours comme le miscanthus ou le bois coûte plus cher que le charbon. Et, particularité de notre filière, tout cela s’est fait sans aucun bénéfice sur le marché », insiste Éric Guillemot. Frappée par une baisse de rendement historique cette année (-17 %), liée à la sécheresse, la filière reste fragile économiquement. Elle accueille avec satisfaction le plan protéines du gouvernement (lire ci-dessus), notamment la possibilité d’avoir des aides couplées à la production avec la future PAC. Mais Luzerne de France estime que l’enveloppe de 50 millions d’euros pour structurer les filières sera trop juste pour soutenir ses projets. « Nous avons des investissements lourds qui se rentabilisent sur 15 ans. Nous prévoyons un plan de 43 millions d’euros d’investissements entre 2021 et 2023, pour moderniser nos outils et augmenter notre capacité de production de 13 % par rapport à 2019 », détaille Éric Guillemot. La filière entend bien frapper à toutes les portes pour obtenir des soutiens financiers.