Si le principe de fabrication est le même que pour le sucre conventionnel, travailler des betteraves bio demande quelques adaptations. La première est de nettoyer tout le circuit de transformation qui va du stockage des betteraves jusqu’à l’ensachage du sucre, car il est totalement exclu de mélanger des betteraves et du sucre bio et non bio. C’est une opération qui nécessite 12 heures de travail.
Le groupe Cristal Union aurait pu débuter la campagne avec les betteraves bio – ou comme l’année dernière en milieu de campagne – mais la coopérative a préféré donner un peu de temps aux betteraves pour prendre du poids. Malgré cela, les betteraves sont minuscules cette année !
Pour les équipes de la sucrerie, la transformation de betteraves bio a demandé de nombreuses adaptations. Le principal changement est la présence de mauvaises herbes. « Nous avons donc mis du personnel pour enlever les herbes et éviter que les grilles se bouchent », explique Maxime Cassel, le directeur de la sucrerie. La cadence de l’usine a donc été réduite de 20 %.
Il faut également adapter la diffusion, une opération qui consiste à libérer dans de l’eau le sucre contenu dans les cossettes. « Nous ne pouvons pas utiliser les mêmes auxiliaires technologiques nécessaires pour maîtriser le développement des bactéries. Nous utilisons donc des extraits de houblon », révèle Pascal Hamon, directeur industriel du groupe Cristal Union. De leur côté, les pulpes sont pressées et seront envoyées en déshydration pour faire des pellets bio essentiellement destinés à l’alimentation des bovins.
L’étape de l’épuration au lait de chaux est la même qu’en production de sucre conventionnelle. En revanche, il n’est pas possible d’utiliser les résines échangeuses d’ion lors de la décalcification des jus sucrés. « Elles sont pourtant autorisées pour d’autres productions bio, mais cela n’est pas prévu pour la production de sucre », explique Pascal Hamon. Un problème uniquement administratif, qui devrait se résoudre d’ici quelques mois…
Le jus sucré est ensuite évaporé. Le sirop ainsi obtenu a ensuite été travaillé dans la chaîne de cristallisation du 1er au 3 décembre. À cette étape aussi, les circuits sont bien distincts pour éviter tout mélange de sucre. « Nous avons bien séparé l’avant de l’arrière de la sucrerie, car le nettoyage de la cristallisation prend beaucoup de temps », déclare Maxime Cassel. Pour cette étape, l’ensemencement se fait bien sûr avec des germes bio.
L’usine de Corbeilles a été la première sucrerie à produire du sucre bio de betterave en France. Elle s’est lancée avec la transformation de 150 hectares de betteraves en 2018, puis 500 ha en 2019, et cette année 1 000 ha. En 2019, elle a produit 2 000 tonnes de sucre bio et 1 000 tonnes de résidus, qui ont été transformées en alcool bio destiné à la parfumerie.