Mieux comprendre les virus et leur biologie
Les travaux de l’Inrae permettront d’acquérir des connaissances sur la biologie des virus responsables des jaunisses, sur leurs interactions, leur efficacité de transmission par les pucerons, et leur accumulation dans la plante, en lien avec les symptômes et le rendement. Le répertoire viral complet sera étudié, pour identifier s’il existe de nouveaux virus qui ne seraient pas encore connus. D’autres travaux permettront d’identifier les plantes réservoirs sur lesquelles les pucerons se nourrissent avant de migrer sur les parcelles de betteraves.
Il est également prévu de développer de nouveaux outils de diagnostics sérologiques et moléculaires afin de faciliter la détection des virus dans les plantes et dans les pucerons.
Régulations biologiques et analyses paysagères
Les plantes de service et la mise en place d’infrastructures agro-écologiques peuvent permettre de réduire la pression de ravageurs. L’effet de ces plantes peut être indirect, en favorisant la présence d’auxiliaires, ou direct, lorsque les plantes émettent des composés volatils qui repoussent les pucerons, modifient leur comportement alimentaire ou limitent leur reproduction. Des travaux quantifieront donc le service rendu par les aménagements parcellaires, du laboratoire aux tests en grandes parcelles. Différents itinéraires culturaux seront évalués : maintien
de bandes d’interculture susceptibles d’abriter les prédateurs des pucerons ou qui libèrent des composés insecticides lors de leur décomposition, cultures associées, bandes fleuries.
Variétés, solutions de biocontrôle
La sélection génétique est un levier incontournable. Elle fait appel à un processus long mais apporte une solution durable. Aujourd’hui, les semenciers disposent de variétés avec des niveaux de résistance aux jaunisses virales intéressants mais avec un niveau de productivité trop faible. Le programme de recherche encouragera la création de nouvelles variétés chez les sélectionneurs et leur inscription au catalogue français. De nombreux industriels de la recherche privée se mobiliseront également pour développer des stimulateurs de défense des plantes ou des produits de biocontrôle. Les mécanismes potentiellement en jeu sont divers : effet insecticide, limitation de la capacité de transmission des virus ou limitation de la reproduction des pucerons. Les produits proposés seront évalués d’abord en conditions contrôlées, puis au champ.
Modélisation des risques et outils d’aide à la décision
Les nombreuses bases de données d’expérimentations et d’épidémio-surveillance disponibles à l’ITB seront valorisées pour identifier les déterminants des pressions de pucerons et de jaunisses. Une approche de modélisation statistique permettra de quantifier les effets relatifs du climat, des pratiques agricoles et de variables paysagères. Un indicateur de risque sera calculé en couplant un modèle de colonisation des betteraves avec un modèle d’accroissement des populations de pucerons au champ. Enfin des outils d’aide à la décision (OAD) seront développés, permettant d’améliorer le positionnement des traitements en végétation, en identifiant les facteurs agronomiques et environnementaux associés à leur efficacité. Cela permettra à tout moment de confronter le risque sanitaire à une probabilité de réussite des traitements.
Fermes pilotes
Elles seront le support d’expérimentations en grandes parcelles, pour démontrer l’intérêt de combiner l’ensemble des leviers les plus prometteurs qui sortiront des travaux de recherche, et tester leur mise en application en vraie grandeur. En effet, la solution de remplacement aux néonicotinoïdes ne sera pas unique, mais le résultat d’une combinaison de leviers à effets partiels. Après avoir montré leur efficacité en micro-parcelles, les leviers techniques les plus efficaces seront ainsi évalués en grandes parcelles.
Une démarche de co-construction sera menée avec les agriculteurs et les différents acteurs présents dans les territoires pour concevoir les nouveaux itinéraires culturaux. Parce que les agriculteurs eux-mêmes développent des solutions prometteuses, une traque aux innovations sera menée, pour explorer collectivement les combinaisons de pratiques susceptibles de réduire les risques de jaunisse et les pertes de rendement. Les fermes pilotes seront également le support de calculs des impacts économiques et organisationnels pour les agriculteurs et l’ensemble de la filière, liés aux nouveaux modes de conduite de la culture. Les coûts seront comparés à ceux des autres pays européens, en fonction des solutions disponibles dans chaque pays. Tous les surcoûts doivent être analysés pour évoluer vers un modèle économique durable pour l’ensemble des acteurs de la filière.