Avec un rendement de 89,4 t/ha en 2021, la CGB Alsace est plutôt satisfaite au regard de la production française, qui est de 85,7 t/ha. L’Alsace se positionne juste après le leader national, l’Aube avec 95 t/ha. Une progression constante si on regarde les chiffres depuis 2000, malgré les variations climatiques et la volatilité des marchés. « 2021, une année plutôt humide qui a permis d’économiser des tours d’eau aux agriculteurs, met en évidence une betterave qui retrouve des couleurs après une année 2020 marquée par la jaunisse et la sécheresse », a souligné Joseph Behr, directeur de la CGB Alsace, lors de l’assemblée générale qui s’est tenue le 13 mai à Oberhausbergen (Bas-Rhin).
Des terres encore à conquérir
Néanmoins, à ce jour, les surfaces betteravières alsaciennes manquent. 5 210 ha sont exploités en Alsace, soit la surface équivalente après le plan d’abandon de 2008, et 100 ha de moins qu’en 2021. « Une évolution que la CGB Alsace accompagne et soutient avec Cristal Union, dont la sucrerie d’Erstein qui cherche encore 2 000 ha pour compléter sa production » précise Joseph Behr. L’évolution favorable des cours de la betterave et la diversification des marchés peuvent contribuer à une reconquête des surfaces.
Du côté des traitements et des solutions pour lutter contre la jaunisse, « le sujet reste épineux entre l’Administration et la profession », affirme Franck Sanders, président de la CGB. « Heureusement, le charançon n’est pas présent en Alsace, mais le fait de pas pouvoir planter de maïs en N+1 après la betterave, où la culture est majoritaire, reste pénalisant ». N’oublions pas que le maïs subit aussi d’autres ravageurs, comme la chrysomèle, qui est un facteur à risques à surveiller.
Pour Joseph Behr, parier sur la betterave Conviso et les NBT, les nouvelles techniques de sélection, en cours d’expérimentation, est prometteur pour les planteurs qui auront moins de traitements à gérer. Des progrès variétaux devraient arriver grâce au Plan national de recherche et d’innovation (PNRI).
Malgré les directives européennes contraignantes concernant l’utilisation des néonicotinoïdes, le bassin betteravier en Alsace est plutôt performant et fait montre d’un potentiel de production encourageant, notamment dans le Haut-Rhin. Les producteurs ont encore besoin d’être rassurés et la vingtaine de viticulteurs en Alsace, certifiés HVE, qui se lancent dans la betterave, d’être encouragés. En 2021, le dispositif d’indemnisation pour la jaunisse a permis de soutenir 99 planteurs en Alsace-Moselle, pour un montant total de 318 000 € : 93 dossiers dans le Haut-Rhin pour 280 000 €, 3 dans le Bas-Rhin pour 15 000 € et 6 en Moselle pour 23 000 €.
Joseph Behr précise que, dans la région, « le taux de planteurs qui souscrivent une assurance est plus élevé qu’ailleurs en France, c’est historique ». Aussi « le déploiement de l’Instrument de stabilisation du revenu (ISR) pour la campagne de cette année est en phase d’expérimentation dans trois régions, dont le Grand Est avec 2 M€ par an », indique Pierre Rayé, directeur général de la CGB. En fonction des résultats, une stratégie syndicale sera mise en place à partir de 2023.