On a tendance à l’oublier, mais le contexte macroéconomique mondial est plus incertain que jamais. Les cas de Covid-19 battent des records dans le monde et, entre couvre-feux et craintes de nouveaux confinements, nul ne sait ce que sera l’économie mondiale à échéance trois mois. Les élections américaines ajoutent encore à l’incertitude, tout comme l’absence totale de vision sur la manière dont le Royaume-Uni sera lié à l’économie européenne dans deux mois.
Dans ce contexte, les fonds spéculatifs semblent ne plus parier que sur les marchés agricoles. Et le sucre n’est pas épargné : ils sont désormais acheteurs-nets de sucre de plus de 10 Mt : une valeur symbolique, et un record depuis novembre 2016. Et on voit mal un retournement à l’œuvre à très court terme.
Du coup, le sucre brut continue sa progression : il dépasse à présent les 14,5 cts/lb sur l’échéance proche, et les 14 cts/lb sur celle de mars. Le sucre blanc peine à suivre le rythme. Toujours est-il qu’au cours actuel de l’euro, cela correspond à un prix du sucre, sortie sucrerie française, au-dessus de 300 €/t dorénavant. C’est toujours peu, mais c’est quand même 11 % de plus que depuis fin août.
Du côté de l’éthanol carburant européen, l’entrée en campagne coïncide avec une correction sévère (-12 % en cinq semaines). Certes, il demeure au-dessus de 70 €/hl sur l’échéance proche, mais peine à conserver les 55 €/hl sur celles du début de l’année prochaine. Pour l’instant, cela reste, pour la betterave, un débouché plus intéressant que le sucre sur le marché mondial. Néanmoins, si la tendance se poursuit, des rééquilibrages ne sont pas impossibles. Cela dit, la part de l’éthanol destiné à d’autres débouchés que le carburant est en nette augmentation, et se vend à des prix bien au-delà de ces valeurs. Sans réelle information publique sur ces marchés, il est difficile d’en déduire des volumes et des prix. Mais on parle tout de même de primes de l’ordre de 20 €/hl.
Enfin, le prix du sucre européen sur le spot est toujours aussi stable, malgré les mauvais rendements. Pour l’heure, les nouvelles baisses de consommation à redouter, du fait de couvre-feux ou même de possibles reconfinements dans certains pays, ne se font pas ressentir sur les niveaux de prix. Il faut dire que le déficit européen à attendre est tel qu’il ne devrait pas, a priori, être compromis…