Des différences variétales à confirmer
En 2019, une étude menée dans le cadre du Centre Technique Betteravier de Limagne, sur 6 variétés, a montré que les femelles de Lixus pondent a priori de manière indifférenciée dans les pétioles des betteraves quelles que soient les variétés (voir figure 1). Cependant, l’analyse des racines a permis d’observer que le développement larvaire dans les plantes est influencé par la variété (voir figure 2), ce qui laisse penser qu’il existe des différences de composition ou des différences physiques qui impactent le développement des larves.
Au cours de l’hiver 2021-2022, un screening de métabolites présents dans les deux variétés les plus contrastées, étudiées en 2019, a été conduit en collaboration avec une équipe de l’Inrae. L’étude a confirmé une différence de profil de métabolites entre les deux variétés, certaines molécules étant connues pour déclencher des mécanismes de protection des plantes. C’est une voie prometteuse pour sélectionner des variétés de betteraves moins sensibles vis-à-vis du Lixus. De nouvelles expérimentations seront conduites en 2022 par l’ITB et les services agronomiques de sucrerie pour valider cette approche.
Première année de tests de plantes compagnes
Déjà testées dans le cadre du PNRI (Plan National de Recherche et d’Innovation) dans la lutte contre les jaunisses virales, les plantes compagnes (avoine et féveroles pour ces travaux de 2022) vont également être expérimentées contre le charançon. L’objectif est de cultiver une deuxième espèce en association afin de réduire les populations de charançons sur les betteraves. Ces plantes perturberaient les ravageurs dans leurs déplacements et leurs comportements. En parallèle, des tests avec différentes densités de betteraves sucrières, ainsi que des betteraves fourragères servant de plantes pièges, vont être également mis en place afin d’observer si des différences de dégâts sont observés.
L’ITB va proposer, dès cette année, un outil de cartographie de la pression charançon associé à un premier modèle prédictif. Cette veille s’appuiera sur le suivi des parcelles des agriculteurs du réseau de suivi biologique du territoire. Les observateurs de la filière noteront plusieurs variables liées à la biologie du ravageur, de manière hebdomadaire, tout au long de la campagne, afin d’évaluer à la fois la pression et les dégâts. La présence ou l’absence d’adultes sera ainsi surveillée et leurs pontes dans les pétioles seront comptées. Puis, à partir de juillet, des betteraves seront décolletées afin de dénombrer les galeries creusées par les larves écloses à partir des œufs déposés. En complément, un modèle météorologique simplifié donnera une estimation de l’arrivée des charançons adultes. Il sera basé sur la température et calibré à partir des relevés et de l’expertise acquise les années précédentes. L’interface interactive permettra d’avoir un aperçu de la pression locale en un coup d’œil sur une carte, tout en donnant accès à la dynamique précise du ravageur sur chaque parcelle. Toutefois, au regard de la biologie du ravageur, l’efficacité des produits homologués n’est pas démontrée dans les expérimentations de l’ITB. Néanmoins, de nouveaux produits seront testés en 2022 dans le cadre de cette lutte.