Mieux valoriser le colza qui permet de diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES). Telle est la promesse faite par la plateforme OleoZE, mise en place par Saipol, filiale du groupe Avril. « C’est pour répondre à une demande croissante de biocarburants à faible empreinte carbone, notamment en Allemagne, que nous avons mis en place OleoZE. Nous nous étions rendu compte que l’huile de palme était parfois mieux placée, ce qui était aberrant », explique Émilie Halle, la responsable des plateformes digitales chez Saipol.
Fin 2017, une petite équipe est créée au sein de Saipol. Son objectif : réfléchir à une méthode permettant de donner davantage de valeur aux pratiques vertueuses des agriculteurs, pas suffisamment reconnues. Des acheteurs, des personnes de la logistique, du marketing et des services informatiques se sont mobilisés sur le sujet pendant près de deux ans. « Nous sommes allés sur le terrain visiter des exploitations et identifier les bonnes pratiques », indique Émilie Halle. Un cahier des charges est défini mi-2018. « Nous avions déjà une solution digitale, Feedmarket, disponible sur notre site Oleomarket, pour l’achat de tourteaux de colza et de tournesol. Nous avons bénéficié de cette expérience digitale pour construire notre nouvelle plateforme », précise-t-elle.
300 000 tonnes de graines de colza d’ici à 2023
En parallèle, des réunions sont organisées avec les organismes stockeurs, comme NatUp, Axereal, la Scael et la Fédération du négoce agricole (FNA), afin de définir des critères pouvant être pris en compte et intéresser les clients finaux. Une première version de la plateforme voit le jour en février dernier . Une première en France, se félicite Saipol. Pour connaître son complément de prix ou bonus GES, l’agriculteur peut effectuer une simulation sur le site OleoZE concernant la quantité de colza et, depuis peu, de tournesol qu’il souhaite vendre. Il doit renseigner, par exemple, s’il a mis en place une interculture, un couvert végétal, les quantités et les types de produits phytosanitaires utilisés, et s’il emploie des amendements organiques. Des contrôles sont réalisés annuellement. Le bonus GES peut atteindre jusqu’à 40 €/t, en plus du prix normal versé par l’organisme stockeur. L’agriculteur est ensuite rémunéré, à trente jours après livraison, selon son contrat. « Avec la nouvelle version du site lancée il y a quelques semaines, nous avons amélioré le parcours utilisateur, afin de le rendre plus fluide et plus intuitif », affirme Émilie Halle.
Depuis février, plus de 10 000 tonnes de graines de colza ont été contractualisées sur OleoZE, avec un objectif de 300 000 tonnes d’ici à 2023, soit l’équivalent de 7 à 8 % de l’approvisionnement total de Saipol. Cette initiative pourrait, un jour, faire tache d’huile sur l’alimentation humaine. À quand une huile de table Lesieur à base de colza à faible GES ? « Ce sera l’étape suivante », promet-on chez Saipol.