Un ravageur du bouquet foliaire et une porte d’entrée pour le Rhizopus
1) Un papillon crépusculaire
L’adulte (10-13 mm) émerge au printemps dans les parcelles de betteraves de l’année précédente. La journée, il se repose sur la face inférieure des feuilles ou sous les mottes de terre. Au lever du jour, des pics de vols de mâles à la recherche de femelles peuvent être observés.
2) Une chenille très vorace
Après éclosion de l’œuf, la larve (0,6 mm – grise) perce le limbe foliaire et vit d’abord en mineuse pendant deux à trois jours. Puis elle migre vers les pétioles dans lesquels elle creuse des galeries, expulsant ses déjections à leur extrémité.
3) Deux à trois générations par an
La larve dévore le cœur des betteraves, ce qui limite la pousse de nouvelles feuilles. Parvenue au dernier stade larvaire (14 mm – rouge), elle cesse de s’alimenter pour former une deuxième, voire une troisième génération, en fonction des conditions climatiques.
Fiche d’identité
1) Un ravageur inféodé à la betterave
Ce papillon est inféodé au genre botanique Beta : au départ des betteraves sauvages, puis adaptation à Beta vulgaris : betterave sucrière, fourragère, potagère et bette.
2) Une reproduction activée par la présence de betteraves
L’activité de reproduction est stimulée par l’activité chimique des plantes-hôtes. En l’absence de betteraves, la longévité des insectes peut passer de vingt-cinq à trente-six jours. L’activité de reproduction, alors en pause, pourra reprendre dès que les insectes seront de nouveau en contact avec des plantes-hôtes.
3) Une nocivité accentuée par des conditions sèches et chaudes
Toutes les étapes du cycle sont amplifiées par une température élevée. En effet, les femelles développées à 30 °C sont les plus fécondes, la durée d’incubation de leurs œufs est réduite à quatre jours, la vie larvaire raccourcie à onze jours et le stade nymphal ramené à neuf jours. En outre, une forte pluie peut noyer les larves.
4) Des facteurs de risques liés à son cycle biologique
• Des sols superficiels à faible réserve hydrique, dans lesquels les betteraves seront affaiblies.
• Une absence de pluie.
• Un non-labour.
De nouveaux travaux contre la teigne avec le biocontrôle
Un contrôle total des populations de teignes ne peut être garanti avec les produits aujourd’hui homologués. En complément des travaux habituels contre ce parasite – recherche de nouvelles matières actives, ajout d’adjuvant ou amélioration des conditions de pulvérisation –, une autre voie de recherche s’ouvre avec le biocontrôle. Cela comprend les macro-organismes, comme les trichogrammes, qui font partie des pistes de travail.
Les trichogrammes, dont une espèce particulière est utilisée pour lutter avec efficacité contre la pyrale du maïs, parasitent spécifiquement les pontes des papillons afin de se reproduire. En effet, une fois lâchées dans les champs, les femelles trichogrammes cherchent activement les œufs des ravageurs pour pondre à l’intérieur. Naîtront des larves, qui ingéreront entièrement le contenu des œufs du papillon, empêchant ainsi la naissance de futures chenilles ravageuses.
L’ITB, Tereos et Cristal Union, en collaboration avec les sociétés Bioline Agrosciences France et Phyteurop, ont effectué, en 2020, les premiers tests préliminaires sur betteraves. Des conditions spécifiques sont nécessaires pour la réalisation de ces essais : 0,5 ha minimum et une détermination précise des dates de vols des papillons de teignes afin de déposer les trichogrammes au bon moment. Ces premiers tests devront être complétés par d’autres les années suivantes afin de mettre au point une méthode de lutte efficace contre la teigne de la betterave.
La teigne est un papillon qui réalise tout son cycle sur la betterave, mais dont les larves seules occasionnent des dégâts. Plusieurs ennemis naturels ont été observés (hyménoptères, chrysopes, punaises, mouches diptères…), qui parasitent au maximum 20 % des larves.