Pourquoi avez-vous souhaité être rapporteur du projet de loi sur les néonicotinoïdes ?
Je passe tous les jours à côté des champs qui deviennent jaunes. Cela me touche de savoir que, derrière ce problème, il y a des agriculteurs en difficulté qui attendent des réponses. Ce n’est pas un texte facile à porter, mais je souhaite défendre la filière betteravière.
Que pensez-vous des néonicotinoïdes en tant que tels ?
J’estime que l’agriculture doit, à terme, se passer de pesticides. Mais la réalité économique et internationale est là : douze pays européens bénéficient d’une dérogation pour utiliser les néonicotinoides sur betteraves. Ne pas donner cette possibilité aux planteurs français crée un déséquilibre et mène toute l’agriculture betteravière dans le mur.
Je suis pour arrêter les pesticides quand tout le monde le fera et que l’on disposera d’une vraie solution alternative. On ne peut pas emmener une filière dans la transition agro-écologique par la violence, des dates fixes et aucune étude d’impact. Le texte voté en 2016 est courageux et ambitieux, mais la réalité est là : on ne s’est pas donné les moyens pour accompagner la filière. On doit donc aujourd’hui déroger à cette loi pour maintenir une filière debout.
Quel sera le parcours parlementaire de ce texte ?
Le projet de loi sera examiné par la commission des affaires économiques le 23 septembre, après être passé en commission du développement durable la veille. Il sera débattu en séance plénière le 5 octobre.
Quel est le rapport de force à l’Assemblée nationale ?
Les députés sont interrogatifs. Je fais de la pédagogie auprès de mes collègues de La République En Marche. Je leur dis que ce texte ne signifie pas l’introduction d’un nouveau pesticide, mais qu’au contraire, il organise la sortie des néonicotinoïdes. Il y aura peut-être un peu d’abstention, mais je ne pense pas que beaucoup de députés LREM voteront contre, car ils sont souvent issus, comme moi, de territoires ruraux.
Il y a aussi des dogmatiques de l’écologie radicale, l’écologie égoïste qui veut faire plus vert que vert. Des gens qui ne se préoccupent pas de savoir si leur position a un effet négatif dans les autres pays et qui disent : ce n’est pas grave, on importera du sucre de Pologne ou du Brésil, alors qu’ils utilisent des produits interdits chez nous.
Que contient concrètement ce projet de loi ?
Comme je vous l’ai dit, il organise la sortie des néonicotinoïdes. Il met en place une dérogation qui fera l’objet d’un décret tous les ans, qui devra être validé par les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique. Ces deux ministères regarderont si le plan de protection des pollinisateurs est respecté. J’ai également l’idée d’associer le Parlement dans le suivi d’une telle décision. Car si on en est là aujourd’hui, c‘est parce qu’on ne s’est pas donné les moyens de notre ambition à l’époque en accompagnant la filière betterave. Notre rôle de politiques est de s’assurer que nos décisions sont applicables. Si ce n’est pas le cas, alors on fait marche arrière. Le temps de la science n’est pas celui de la décision politique.
*Le titre exact est : projet de loi relatif aux conditions de mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques en cas de danger sanitaire.