Longtemps fleuron économique de l’agriculture française, la filière céréalière tricolore est aujourd’hui en péril. C’est le message qu’ont martelé, le 8 septembre, les représentants de l’AGPB devant la presse. « Les aléas climatiques, l’augmentation des bioagresseurs, la baisse des aides européennes et la suppression des solutions de lutte conduisent à une situation catastrophique », a insisté Eric Thirouin, le président de l’AGPB. La récolte de blé devrait atteindre 29,7 millions de tonnes cette année, contre 39,4 millions l’an passé, selon les dernières estimations. « C’est l’une des pires récoltes depuis 20 ans, avec de grandes disparités selon les régions », a renchéri Philippe Heusele, le secrétaire général de l’AGPB. Selon lui, plus de 50 % des céréaliers ne dégageront aucun revenu cette année. Le revenu médian est de – 1 000 euros par exploitation. « Cela s’inscrit dans un contexte tendu déjà depuis huit ans », rappelle Éric Thirouin. Depuis 2013, les résultats des céréaliers décrochent par rapport aux autres productions agricoles. Les aléas climatiques ne sont pas les seuls en cause. Le président de l’AGPB pointe également la répartition des aides de la PAC. « À cause de trop de subsidiarité, de convergence des aides et de mesures agroenvironnementales, les grandes régions céréalières se retrouvent aujourd’hui moins soutenues que les régions historiques d’élevage », a-t-il expliqué.
Une avance des aides de la PAC
Dans le prolongement du plan France Relance présenté par le gouvernement, l’AGPB demande des mesures exceptionnelles pour soutenir la filière céréalière. Elle souhaite notamment :
– la mise en place des cellules de crise dans l’ensemble des départements touchés,
– une avance des aides de la PAC à hauteur de 80 % du montant de 2019 au plus tard le 15 octobre 2020,
– le dégrèvement automatique de la TFNB dans les zones sinistrées et l’allègement de charges sociales,
– un rééquilibrage de la PAC en faveur des céréaliers, notamment vers les zones intermédiaires et par l’application immédiate du règlement européen Omnibus en baissant la franchise de l’assurance récolte de 30 % à 20 %.
– la mise en place d’une politique d’accompagnement pour déployer massivement la certification environnementale de niveau 2 dans les exploitations.
« Les céréaliers sont à bout de souffle et la majorité d’entre eux se pose la question de la poursuite de leur métier. La problématique du renouvellement des générations est plus que jamais d’actualité. Si le gouvernement ne prend pas conscience de la situation, nous allons dans le mur », a prévenu Éric Thirouin.