En 2019, le désherbage des betteraves a été jugé satisfaisant par les équipes de l’ITB.

Afin d’améliorer l’efficacité du désherbage, de réduire ses coûts et de répondre aux attentes sociétales, il est nécessaire dans un premier temps de connaître précisément la flore adventice présente dans la parcelle, ce qui permettra de décider de la nécessité d’un traitement de pré-émergence, en particulier en cas de fortes infestations d’ombellifères. Dans un deuxième temps l’observation de ces parcelles au cours de la croissance des betteraves permettra d’adapter le programme de désherbage en fonction des adventices présentes.

Traitement de pré-émergence

L’intervention en pré-émergence n’est pas justifiée dans la majorité des cas, seules les parcelles à fortes infestations d’ombellifères (æthuse ou Ammi majus) doivent être traitées en pré-émergence. Dans ces situations, une application de Zepplin à 2,5 l/ha ou de Kezuro à 3,5 l/ha est recommandée. Le traitement est à réaliser juste après le semis (48 heures maximum) car il peut y avoir un risque de toxicité sur les betteraves si l’application est plus tardive (début de germination des betteraves). Ces produits peuvent être apportés en localisé sur le semoir afin de limiter les coûts. Un binage complémentaire sera nécessaire.

Faut-il sacraliser l’animal ?
Quelle matière active pour quelle adventice (post-émergence) ? (figure 1) ©ITB

Traitement de post-émergence : adapter les matières actives aux adventices présentes

L’ITB a mis au point le tableau ci-contre, « Quelle matière active pour quelle adventice ? », afin de permettre la réalisation d’un programme de post-émergence herbicides.

Une fois les adventices identifiées, l’objectif est de choisir uniquement les matières actives efficaces pour contrôler la flore. Afin d’obtenir une parcelle propre, il est nécessaire de diversifier les programmes dans le temps en utilisant plusieurs substances actives. Ce tableau présente l’efficacité des herbicides afin de raisonner au mieux le choix des produits et de construire un programme de désherbage.

Choix des doses en fonction du stade des adventices

Une fois les produits choisis, il est nécessaire d’adapter la dose en fonction du stade des adventices et des conditions climatiques. L’objectif sera d’intervenir sur des adventices au stade point vert à cotylédons (voir figure 2). Il est nécessaire également d’ajouter au mélange herbicide de 0,5 l/ha à 1 l/ha d’huile. Le désherbage démarre deux ou trois semaines après le semis sur adventices au stade cotylédons et se termine à 70 % de couverture des betteraves.Pour les produits racinaires, la meilleure efficacité sera obtenue si l’application se fait sur sol humide ou si elle est suivie de précipitations dans les jours suivants.

Faut-il sacraliser l’animal ?
Exemple d’utilisation des doses d’un produit de contact (Fasnet SC) ©ITB

Faut-il sacraliser l’animal ?
Adapter la dose de produit/ha/passage en fonction du stade des adventices (figure 2) ©ITB

Intégrer le désherbage mécanique autant que possible

Le désherbage mécanique présente une alternative ou un complément crédible aux herbicides. En complement du désherbage chimique et lorsque les conditions météorologiques sont favorables, il permet de diminuer les quantités d’herbicides chimiques et de garantir la propreté des parcelles.

Deux itinéraires sont possibles en betterave pour concilier les deux objectifs que sont la réduction d’herbicide et la propreté finale des parcelles.

• Première stratégie : réaliser deux ou trois traitements herbicides traditionnels en plein afin d’arriver au stade 4 feuilles vraies des betteraves et de contenir les levées d’adventices puis intervenir en mécanique avec une bineuse traditionnelle betterave équipée de moulinets sur le rang, une houe rotative ou une herse étrille avec réglage des dents par ressorts.

Les passages de bineuse à moulinets, de houe rotative ou de herse étrille avec réglage des dents par ressorts présentent des risques de pertes de plantes lorsqu’ils sont réalisés avant ce stade de quatre feuilles vraies de la culture, de l’ordre de 5 à 20 % selon les situations. Il convient donc d’intervenir avec des herbicides chimiques jusqu’à ce stade pour détruire les adventices. Au-delà du stade 10-12 feuilles, les machines occasionnent des dégâts aux betteraves qui peuvent rapidement être excessifs. L’efficacité de ces machines est également très dépendante du stade des adventices au moment de l’intervention. Elle est bonne jusqu’au stade cotylédons et chute rapidement lorsque les adventices dépassent ce stade.

L’efficacité de ces machines est faible sur les adventices vivaces et graminées qui doivent être gérées dans la rotation et maîtrisées dans la culture par des traitements herbicides.

• Deuxième stratégie : traitement localisé sur le rang. Cette méthode permet de traiter uniquement le rang des betteraves avec une rampe localisée. Ce traitement est couplé avec du binage en inter-rang. Le traitement est effectué avec les mêmes produits, mêmes doses et au même stade d’intervention que le traitement en plein.

Les passages mécaniques exigent un bon nivellement du sol, l’efficacité est largement tributaire des conditions météorologiques. Il est nécessaire d’avoir un minimum de temps sec après le passage mécanique.

Remarque : pour le désherbage des graminées, se reporter au cahier technique du Betteravier français n° 1107.

Faut-il sacraliser l’animal ?
Matériel de désherbage mécanique sur le rang. ©ITB

Faut-il sacraliser l’animal ?
Localisation d’herbicide sur le rang. ©ITB

Informations réglementaires

2020 est la dernière année d’utilisation pour les produits à base de chloridazone et de desmédiphame.

• Les produits à base de chloridazone (Zepplin, Menhir FL, etc.) seront PPNU (Produits phytosanitaires non utilisables) après le 31 décembre 2020.

• Les produits à base de desmédiphame (Betanal Booster, Betanal MaxxPro, Beetup Compact, etc.) seront PPNU après le 30 juin 2020.

Ce qu’il faut retenir

• Choisir les matières actives adaptées aux adventices de la parcelle.

• Intervenir sur des adventices jeunes, point vert à cotylédons étalés, de manière à pouvoir appliquer des doses réduites. Si les adventices sont plus développées, augmenter les doses des produits.

• Réaliser les traitements en bonnes conditions d’hygrométrie, au moins 70 %, et avec un vent inférieur à 19 km/h, règle de force 3 Beaufort obligatoire.

• Ajouter entre 0,5 et 1 l/ha d’huile au mélange herbicide.

• Pratiquer un ou plusieurs désherbages mécaniques si les conditions sont favorables.