L’objectif d’un semis précis est d’obtenir une levée rapide et homogène des betteraves, conditionnant la productivité. Les autres étapes de la culture, du désherbage à la récolte, seront facilitées par un semis réussi.
Raisonner sa date de semis
Le risque de montée à graine doit être pris en compte en fonction de la situation géographique et de la sensibilité variétale, les variétés rhizoctone brun et nématodes sont plus sensibles à la montée à graine. Dans les régions les plus sensibles, il est conseillé de ne pas semer avant le 10 mars pour minimiser ce risque. Les suivis de semis très précoces dans le Nord-Pas-de-Calais en 2019 (semis au 27 février) ont montré que la quantité de betteraves montées à graines pouvait atteindre 1 600 betteraves à l’hectare. Et sur les deux sites suivis en 2019, le rendement des semis de février est toujours plus faible que les semis de mars.
Il est nécessaire d’attendre suffisamment pour obtenir de bonnes conditions de ressuyage et de préparation du sol. Il faut être attentif aux prévisions météo après le semis, il ne faut pas de pluies dans les deux ou trois jours qui suivent les semis, surtout dans les sols sensibles à la battance.
Semer sur un sol bien préparé
Pour placer la graine dans les meilleures conditions de levée et de germination, le lit de semence doit être préparé en conséquence. Les sols limoneux demandent une préparation comprenant trois quarts de terre fine et un quart de petites mottes. La terre fine permettra le réchauffement du lit de semence et le bon contact terre-graine, favorable à la germination, tandis que les petites mottes limiteront le croutage et la fermeture de l’horizon en cas de précipitations.
Une préparation réussie, c’est aussi un sol bien nivelé. Cela permet au semoir de travailler à la même profondeur sur tous ses éléments, offrant une homogénéité de la levée. Un sol nivelé facilite les interventions suivantes sur la culture, notamment les opérations de désherbage mécanique ou de traitement localisé sur le rang.
Un semoir entretenu pour être prêt au bon moment
Le semoir à betteraves sert peu dans l’année mais doit être entretenu pour en tirer les meilleures performances. Un semoir mal entretenu engendre des pertes de précision. Un semoir préparé durant l’hiver permet de semer au bon moment dès que les conditions sont réunies. La première étape consiste à réaliser un nettoyage de l’outil, en évitant les nettoyeurs à haute pression, qui risqueraient de détériorer les organes du semoir. La poussière accumulée peut être enlevée en utilisant un jet d’air comprimé, voire un aspirateur pour le nettoyage des trémies. Le schéma de la page suivante explique les différents points d’attention durant l’entretien.
Pour les semoirs et tracteurs équipés, il est également prudent de vérifier le bon fonctionnement des consoles et antennes GPS et contrôleur de semis. De plus, s’assurer de la bonne prise en main de ces outils permet de gagner du temps au champ. Le bon fonctionnement des microgranulateurs et système d’incorporation de l’engrais est également à vérifier.
Préparer le réglage de profondeur à l’atelier
Pour des semences sans traitement Apron ou Force, la profondeur de semis idéale est entre 2 et 2,5 cm. Elle ne doit pas être inférieure à 2,5 cm pour les graines traitées avec l’un ou l’autre des deux produits mentionnés.
Un premier réglage peut être réalisé à l’atelier sur une surface plane en plaçant une ou plusieurs cales d’une épaisseur de 2 cm sur le ou les points d’appui du semoir. Il est ensuite possible de régler l’enterrage de façon que le soc repose sur le sol en répétant cette opération pour tous les éléments.
Au champ : contrôler et affiner les réglages
En cas de semis avec un tracteur en roues larges, il est nécessaire de régler les effaces-traces pour qu’ils ne reprennent que la profondeur de terre marquée par les crampons du pneu – un réglage trop en profondeur tendra à remonter de la terre humide en surface. Le réglage des effaces-traces doit être ajusté durant la saison selon les conditions d’humidité du sol. Les pneumatiques larges doivent être gonflés selon la masse du semoir, et dans l’idéal la pression doit être inférieure à 1 bar pour ne pas avoir de conséquences sur la productivité.
Après une dizaine de mètres de semis, il convient d’en vérifier la qualité, en calculant un espacement moyen entre graines sur plusieurs graines successives et sur tous les éléments du semoir. Pour faciliter l’opération, il faut soulever les roues de recouvrement sur quelques mètres pour gagner du temps sans avoir à découvrir les graines, puis remettre ces roues pour ensuite contrôler la profondeur d’enterrage de la graine en en découvrant plusieurs.
La profondeur d’enterrage doit être adaptée aux conditions. Si la préparation de sol ou les conditions de sol varient selon les parcelles, une revérification de la profondeur de semis s’impose. Il importe de vérifier la profondeur de tous les éléments, ceux situés derrière les roues peuvent nécessiter un réglage différent.
Les graines doivent être placées dans la terre humide nécessaire à la germination et recouverte de 2 cm de terre fine sèche favorisant une levée rapide. En cas de semis trop profond, le germe mettra du temps à émerger, ce qui expose le champ à la battance ou encore à des levées irrégulières. Si les conditions sont sèches il peut être utile de réaliser un écrêtage très léger avec les chasses-mottes ou chasses-débris pour obtenir le placement de graine souhaité. Inversement, en cas de semis à une profondeur trop superficielle, la graine sera sujette aux attaques de mulots. Et la levée peut être retardée si la graine ne se trouve pas en contact avec une zone humide entraînant des phénomènes de levées doubles.
Plombage et recouvrement de la graine
La roulette étroite permet de plomber la graine dans la couche de terre humide, elle doit être utilisée dans des conditions normales à sèches. Si les conditions sont plus humides, la roulette doit être relevée : le plombage n’est pas nécessaire et si de la terre humide adhère à la roulette, elle risque de remonter les graines à la surface.
Le recouvrement de la graine est assuré par des roues en général concaves ou en « V ». Ces roues permettent de refermer le sillon tout en resserrant la terre autour de la graine, à la convergence des pressions exercées par chaque roue. Il est primordial de bien les régler : trop écartées, elles exerceront une pression sous les graines et risquent de les décoller du lit de germination. Trop resserrées, elles risquent de refermer la terre au-dessus de la graine. Elles doivent être réglées de manière que la graine se trouve à la base du « V » formé par les roues, sinon elles risquent de travailler à côté du sillon. En préparation classique, les griffes et barres de recouvrement sont à éviter car elles ramènent de la terre au-dessus du sillon de manière irrégulière et incontrôlée compromettant l’homogénéité de la levée.
• Un semis réussi facilite le désherbage et la récolte
• Un semis homogène requiert un sol préparé et nivelé
• Un semoir entretenu et bien réglé permet une précision maximale
• La profondeur de semis idéale est de 2,5 cm et la graine doit être plombée dans la terre humide et recouverte de terre sèche
La densité de semis dépend de deux facteurs :
• La population finale souhaitée : les essais menés à l’ITB ont montré que la population optimale pour le rendement en sucre était atteinte entre 95 000 et 100 000 plantes/ha, quels que soient le type de sol et la date de semis.
• Le taux de levée moyen constaté : dans les essais variétés menés depuis 10 ans, il est de 92,8 % (le minimum étant de 87,4 % et le maximum de 94 %).
La densité de semis optimale se situe donc entre 110 000 et 115 000 graines/ha (soit 1,1 à 1,15 unités/ha). Elle se règle par la distance de semis grâce à la boîte à vitesse du semoir : entre 19 et 20 cm pour un écartement de 45 cm et entre 17 et 18 cm pour un écartement de 50 cm.