L’éventail des dates de semis reste large pour le pois de printemps : entre le 25 février et le 31 mars pour les régions au nord de la Seine. Bien qu’il s’étale sur plus d’un mois, le calendrier ne semble pas toujours respecté. « Environ 40 % des parcelles ont été semées au-delà des dates conseillées dans la région Centre-Est, selon les données de l’enquête pois de Terres Inovia en 2017 », rappelle Bastien Remurier, ingénieur chez Terres Inovia. Quel serait le manque à gagner ? Il est estimé entre 2 et 5 q/ha de moins pour un semis tardif par rapport à un semis précoce. Dans le contexte climatique des dernières campagnes, les experts recommandent de semer le pois de printemps tôt, à partir du 20-25 février, si les conditions sont favorables. En précocifiant le cycle, la culture sera en principe moins exposée aux risques de stress hydrique et thermique lors du remplissage des grains.
Une bonne densité et une bonne parcelle
Autre erreur possible à l’implantation : un semis trop dense. Toujours d’après l’enquête Terres Inovia, 25 % des parcelles de l’Est de la France ont tendance à être semées de façon trop dense. En cas de sursemis, une humidité à la base du couvert se crée, favorable au développement de maladies. « Une forte densité va également favoriser une compétition entre les plantes pour la ressource en éléments du sol et en eau, augmentant la sensibilité de la culture aux carences et au stress hydrique », ajoute Bastien Remurier. La densité optimale dépend de deux facteurs : le poids de mille grains (PMG) de la variété semée et le type de sol (voir tableau).
Le contrôle de la profondeur de semis participe à la réussite : le pois se sème à 3 ou 4 cm avec un écartement de 12 à 35 cm. Le sol doit être aéré sur les quinze premiers centimètres afin de faciliter le développement des racines et des nodosités. Celles-ci permettent la fixation de l’azote de l’air, assurant une bonne nutrition azotée. Dans les sols à risque de battance, une préparation trop fine est à éviter. Un roulage après semis peut être conseillé sur pois après semis (et avant le désherbage) ou au stade 3-4 feuilles. Ce passage permet d’enfouir les cailloux, de niveler le sol et de faciliter par la suite la récolte.
Le troisième facteur de réussite, plus aléatoire, repose sur l’état hydrique du sol. Il est difficile à prévoir. Clairement, le choix d’une parcelle à sol trop superficiel reste déconseillé. Car le pois de printemps risque de ne pas s’alimenter correctement. « Il est aussi conseillé d’éviter les sols argileux et lourds, où les risques de mauvaise mise en place des racines ou d’asphyxie racinaire sont plus importants », rappelle Bastien Remurier. L’irrigation peut servir de recours en cas de déficit d’eau, pour assurer le bon remplissage des gousses. Un pois de printemps valorise l’eau à raison de 5 à 8 q/ha par tour de 30 mm.
Désherbage : des limitations
Le type de sol conditionne aussi le choix des doses d’herbicides. En particulier, il est conseillé de moduler les doses en terre sableuse ou limoneuse-sableuse, suivant les préconisations du fournisseur. Dans les sols filtrants, plusieurs produits ne sont pas recommandés, en particulier le Nirvana S et Racer ME. La panoplie d’herbicides diminue depuis les dernières campagnes. Il ne reste plus que cinq herbicides utilisés en prélevée et autant en post-levée. L’année 2019 a marqué le retrait du Nikeyl. Le Racer ME, qui n’est plus commercialisable depuis 2019, reste encore utilisable jusqu’au 2 mai 2020, avec une ZNT et DVP de 20 mètres. Pour les spécialités à base de bentazone (Basagran SG, Adagio SG, Corum), BASF et Phyteurop ont des préconisations spécifiques : ne pas dépasser la dose de 1 000 g/ha/an et ne pas appliquer les produits avant le 15 mars. Ces recommandations bannissent en outre l’emploi de la bentazone dans les zones de captage, ainsi que sur des sols sensibles aux transferts ou à faible taux de matière organique (moins de 1,7 %).
Une partie des semis des pois et des féveroles d’hiver ont été décalés en sortie d’hiver. Quels sont les risques ? Pour les deux espèces, un semis de printemps reste possible car leur graine n’a pas besoin de vernalisation. Selon Agathe Penant, de Terres Inovia : « Il est conseillé de semer ces pois et fèveroles d’hiver aux dates et densités habituellement indiquées pour une variété de printemps, sachant que le potentiel de rendement sera légèrement impacté ». Le cycle de la culture sera raccourci par rapport à un semis d’hiver, avec une date de récolte plus tardive. Pour semer les variétés d’hiver au printemps, inutile d’aller trop vite : mieux vaut attendre des conditions favorables, avec un sol ressuyé et l’absence de fortes gelées annoncées dans la semaine suivant le semis.