Elles sont encore faibles, mais leur nombre a doublé en un an. Les surfaces semées en betteraves bio ont atteint 1 000 hectares chez Cristal Union, contre 450 en 2019. Chez Tereos, elles sont passées de 200 à 500 hectares. Le nombre d’agriculteurs concernés dans le groupe a aussi doublé pour atteindre la soixantaine. Les deux groupes se montrent satisfaits et confiants pour le développement de la filière de betteraves bio, encore à l’état de niche. « Nous espérons continuer à doubler ces surfaces année après année », affirme Olivier de Bohan, président du groupe Cristal Union. Le groupe coopératif indique avoir produit 3 000 tonnes de sucre bio à la sucrerie de Corbeilles-en-Gâtinais (Loiret), commercialisées cette année, notamment en grandes surfaces avec l’arrivée progressive des premiers doypacks Daddy. De l’alcool bio a également été produit à la distillerie d’Arcis-sur-Aube. Même dynamique chez Tereos. « 2020 sera l’année du développement. Nous avons été globalement satisfaits de notre première campagne en 2019-2020, tant en termes de production que de commercialisation », explique Laura Loffler, responsable du développement des activités bio de Tereos, qui ne dévoile pas pour autant les volumes produits durant cette dernière campagne. En 2020, la sucrerie d’Attin (Pas-de-Calais) continuera à transformer les betteraves bio. Mais le conditionnement devrait se faire à Artenay (Loiret) en 2021, ainsi que la production d’alcool bio. Les premiers sucres bio de betteraves à la marque Béghin Say devraient être commercialisés en grandes surfaces à partir de 2021.
Gérer l’enherbement
Deux paramètres restent primordiaux pour assurer le développement de cette nouvelle filière. La conduite culturale est le premier. « Le désherbage a été le critère limitant pour notre rendement l’an passé. C’est sur le rang que cela est plus difficile », explique Romain Lhopiteau, agriculteur situé à Neron (Eure-et-Loir), qui produit des betteraves bio depuis deux ans pour Tereos. Cette année, il a fait appel à une quinzaine de personnes pour effectuer des désherbages manuels sur le rang, pour 80 heures par hectare. Mais au préalable, Romain Lhopiteau avait pris des précautions pour limiter l’enherbement. D’abord un faux semis, avant le semis de betteraves pour faire germer les mauvaises herbes, puis, une fois les betteraves levées, le passage d’une herse trille et plusieurs binages mécaniques. Mais tout cela augmente fortement les coûts pour produire des betteraves bio. Un nouvel équilibre économique est à trouver pour chaque betteravier engagé dans cette jeune filière. Leur désir de se lancer dépendra donc des accompagnements proposés par les sucriers. Cristal Union et Tereos ont fait le choix d’une formule proche, avec un prix fixe de 80 €/t, auquels s’ajoutent une prime de 200 €/ha et une prime additionnelle de valorisation selon les prix du sucre bio.