L’engagement vers le biocontrôle ne date pas d’hier pour Édouard Billard. « Il y a près de vingt ans, mon père a essayé les trichogrammes contre la pyrale du maïs, car il a toujours été très engagé dans cette voie. Cette technique lui a permis de régler facilement le problème, sans toucher aux insectes auxiliaires », affirme-t-il d’emblée lors de la journée du biocontrôle du 21 janvier à Paris.
Toutes les méthodes
Le jeune exploitant explique comment toutes les méthodes disponibles de biocontrôle ont été progressivement adoptées à la ferme familiale de 350 hectares. « Sur l’exploitation, nous avons continué dans cette voie avec le phosphate ferrique pour gérer les limaces du colza. Là aussi, c’est une solution qui permet de protéger les auxiliaires présents dans les parcelles », ajoute-t-il. Ensuite, l’exploitation a introduit le Vacciplant dans sa panoplie fongicide blé. Ce produit à base de laminarine, un extrait d’algue, fonctionne comme un vaccin sur la céréale. Son positionnement reste toutefois un peu délicat. Pour qu’il soit efficace, Vacciplant nécessite une pulvérisation en préventif, positionnée avant l’apparition des symptômes de maladie. En résumé, « ce produit nous a permis de diviser la dose de fongicide par deux au T1 sur blé et orge, ce qui va dans le bon sens », assure le producteur.
Motivé à baisser l’IFT
L’exploitation qui totalise 55 hectares de betteraves utilise aussi depuis deux décennies le soufre pour contrôler l’oïdium sur cette culture. Le soufre figure dans la liste des produits de biocontrôle. « Aujourd’hui, les variétés de betteraves sont devenues plus résistantes à l’oïdium. Nous n’appliquons qu’une dose réduite de soufre sous forme foliaire », commente Édouard Billard. « Même à petite dose, le soufre apporte toujours un effet positif et il répond à une de nos motivations essentielles : abaisser l’IFT*. »
Selon Édouard Billard, le bilan d’utilisation des produits de biocontrôle se révèle globalement très positif. « Nous avons obtenu une efficacité identique aux autres moyens de protection, voire meilleure dans la mesure où nous avons préservé la faune auxiliaire, et sans augmenter les charges, constate-t-il. Les produits de biocontrôle ont pu s’appliquer sans changer nos équipements. » Seuls les trichogrammes mobilisent davantage de main-d’œuvre, car il faut trois personnes pour distribuer les capsules dans les parcelles de maïs. « Toutes ces solutions fonctionnent, même s’il y a encore beaucoup de défiance de la part des agriculteurs », assure-t-il. Mais il faut être clair : « Le biocontrôle ne sera pas le seul levier permettant de réduire les IFT. »
*IFT : Indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires