La multiactivité serait-elle un facteur de succès pour les coopératives ? Agrial semble le démontrer. En 2019, le groupe coopératif basé à Caen (Calvados) a poursuivi son essor et réalisé un chiffre d’affaires en progression de 4,3 %, atteignant 6,1 milliards d’euros. L’excédent brut d’exploitation (EBE) s’est établi à 226 millions d’euros, en augmentation de 6,1 %. Le résultat net a, lui, légèrement reculé, à 52,1 millions d’euros contre 57,7 M€ un an plus tôt.
L’augmentation du chiffre d’affaires 2019 s’explique essentiellement par deux raisons. La croissance organique a contribué pour 2,4 % à l’évolution de l’activité, portée principalement par le développement des marques du groupe (Florette, Créaline, Loïc Raison, Danao, Soignon, Pavé d’affinois…), représentant désormais plus d’un tiers du chiffre d’affaires agroalimentaire. La croissance externe a contribué pour sa part à 1,9 % à la croissance annuelle, grâce notamment à l’intégration réussie du cidrier britannique Aston Manor et du fromager allemand Rotkäppchen, acquis en 2018.
Les bons résultats de l’année ont permis de faire reculer la dette à 794 M€ contre 805 M€ un an plus tôt et de voter un dividende aux adhérents de 12 millions d’euros, soit près du quart du résultat net du groupe, souligne Agrial.
Conséquences du coronavirus
L’année 2020 risque en revanche d’être un peu plus difficile. Le président d’Agrial, Arnaud Degoulet, s’est dit « inquiet » quant à l’absence de visibilité sur le monde agricole et les affaires dans les dix-huit prochains mois.
Le groupe estime avoir pourtant bien résisté aux conséquences du coronavirus. « Le chiffre d’affaires a baissé de 7 % entre mars et juin 2020. C’est une baisse supportable pour notre groupe », a assuré Ludovic Spiers, le directeur général. Dans le détail, ce sont surtout les activités industrie, export et restauration hors foyer qui ont été les plus touchées, baissant respectivement de -10 % et -35 % sur la période quand les ventes aux grandes et moyennes surfaces (GMS), en France et hors France, ont progressé de 7 et 5 %.
La coopérative prévoit de réduire ses investissements de 25 à 30 % en 2020 et de limiter les embauches.
Récolte attendue en baisse
La branche agriculture, qui a réalisé 1,3 Md€ de chiffre d’affaires en 2019, pourrait également souffrir cette année. Agrial anticipe une collecte en baisse de 25 % à 40 %. « Les prévisions en orges ne sont pas très bonnes. Les surfaces ont été en forte baisse à cause de difficultés d’implantations cet automne liées aux fortes pluies. Les céréales ont souffert ensuite d’un printemps chaud et sec », a souligné Arnaud Degoulet.
Le groupe devra par ailleurs préparer cette année la grande réforme de la séparation de la vente et du conseil des produits phytosanitaires qui touchera la coopération agricole au 1er janvier. Il indique qu’il choisira de préserver son activité d’approvisionnement. « Pour l’instant, les modalités de mise en place ne sont pas détaillées. Nous allons rester sur la vente et l’approvisionnement physique des produits avec un premier conseil sur l’utilisation des produits », a expliqué Ludovic Spiers.