La guerre en Ukraine amène la Commission européenne à compléter son train de mesures initialement prévu pour faire face à la hausse des coûts de production en agriculture et dans l’agroalimentaire. L’annonce d’ouvrir les jachères aux cultures de printemps en 2022 est l’une des réponses actées dans sa communication intitulée « Préserver la sécurité alimentaire et renforcer de la résilience des systèmes alimentaires ». Présenté le 23 mars, ce texte fait écho à la déclaration de Versailles du Conseil européen du 11 mars. Il énonce un volant de mesures à court et moyen termes. Certaines touchent à la PAC 2023. Les États membres sont invités à réviser leurs Plans stratégiques nationaux afin de réduire la dépendance aux engrais, l’usage des pesticides, et à s’engager dans le carbone agricole tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES). Les techniques d’agriculture de précision et le soutien couplé pour stimuler les cultures de protéagineux sont mis en avant. Si les objectifs environnementaux et climatiques doivent toujours guider les règles de la conditionnalité des aides, leur potentiel impact à court terme sur la capacité de production est à limiter. Dans cette veine, les haies devraient être favorisées plutôt que les jachères. Quant aux engrais provenant de Russie et de Biélorussie, soit 60 % des importations pour la potasse et 35% pour les phosphates, la Commission renvoie vers les accords de libre-échange avec les autres pays tiers exportateurs. Elle acte en parallèle l’accélération de la recherche sur des alternatives aux engrais. Elle veut aussi faciliter la mise sur le marché de produits phytosanitaires d’origine naturelle et de nouvelles techniques génomiques. L’utilisation accrue des énergies renouvelables et du biogaz s’ajoutent à ces solutions concrètes. Enfin, Bruxelles envisage une augmentation des avances sur les paiements directs et des mesures de développement rural liées aux surfaces et aux animaux à partir du 16 octobre 2022. Et les agriculteurs sont soutenus via la « réserve de crise » à hauteur de 500 M€.
La Commission prévoit des dérogations aux règles du verdissement de la PAC pour l’année 2022. Les jachères peuvent être utilisées pour toute culture destinée à l’alimentation humaine et animale, sans incidence sur le niveau du paiement vert en faveur des agriculteurs. Les États pourront autoriser les traitements phytosanitaires.