La fabrication de fil de lin renaît en Normandie. À Saint-Martin-du-Tilleul dans l’Eure, le groupe agro-industriel NatUp a créé sa première filature de lin. Après plusieurs mois de développement et d’investissement, la coopérative agricole, déjà leader en France dans les légumes de 5 ème gamme avec Lunor (Seine-Maritime), a ouvert le 22 février dernier son site de fabrication de fil de lin. La toute nouvelle filature va permettre la création d’une filière lin 100 % française, pour l’habillement et le linge de maison, du champ au produit fini. Un beau défi.
Les dernières filatures françaises avaient été délocalisées au début des années 1920.
La France est le premier producteur de lin au monde, mais 80 % de la production part en Chine pour être filée et 20 % dans l’Est de l’Europe. L’ouverture de cette filature est une première étape dans la relocalisation de la filière lin en France. Elle permet de produire 1,25 million de chemises, 750 000 pantalons de yoga par an pour rhabiller les Français avec du lin 100 % normand.
La nouvelle filature ouverte à Saint-Martin-du-Tilleul, près de Bernay, vient compléter les savoir-faire déjà présents sur le site eurois, avec le peignage et la préparation des rubans de lin. Pour cela, NatUp a acquis plusieurs machines de dernière génération en Chine, en Italie et en Allemagne et formé 29 salariés qui opéraient déjà sur le site de l’Eure. Le groupe coopératif annonce également le recrutement de 25 personnes dans les 2 ans à venir, en fonction de la demande du marché. Le projet agro-industriel, dans son ensemble, représente un budget de 4,4 millions d’euros, ci-financé par NatUp, l’État et la Région Normandie.
Un fil d’une grande finesse
La French Filature utilise un procédé dit « au mouillé » qui permet d’obtenir un fil de lin d’une grande finesse. Il peut se tisser et se tricoter, contrairement au fil de lin dit « au sec », plus épais. Les fils de lin sont produits à partir de longues fibres de lin peigné particulièrement adaptées à l’habillement et au linge de maison. L’objectif de la nouvelle filature est de produire 250 tonnes de tissu par an.
« Depuis le 22 février dernier, il y a du fil de lin qui sort tous les jours du site de Saint-Martin-du-Tilleul dans l’Eure. Avec l’ouverture de la « French Filature », le seul chaînon manquant de la filière lin en France, après le teillage et le peignage du lin, la chaîne industrielle est désormais maîtrisée de bout en bout , garantissant une traçabilité complète du produit de A à Z, de la culture de la graine de lin jusqu’au produit fini » , indique Karim Behlouli, directeur général de NatUp Fibres, qui comprend aussi le site d’Éco-Technilin à Yvetot en Seine-Maritime, spécialisé dans les matériaux composites pour l’automobile et l’aviation.
Pour le directeur général , « il faut maintenant trouver des clients qui vont remplir le carnet de commandes, mais les premiers vêtements en fil de lin normand devraient voir le jour dans le prochaines semaines », assure Karim Behlouli.
NatUp vise le tissage et la confection française pour des vêtements 100 % made in France . Son fil est à 22 euros le kilo contre 16 à 17 euros pour le fil de lin chinois. Mais la France peut rivaliser avec la Chine grâce à son savoir-faire historique.
Le lin est une culture millénaire. Il est cultivé sous le climat océanique en Normandie, dans le nord de la France, en Belgique et aux Pays-Bas. La France reste le leader mondial de la production de lin.
Avec cette nouvelle filature, c’est toute la filière lin en France qui va connaître un nouveau rebond et reconquérir des marchés partis sous d’autres cieux.
NatUp est un groupe agro-industriel qui rassemble 7 000 agriculteurs dont 5 000 adhérents en Normandie, Picardie, Île-de-France et Eure-et Loir. Le groupe compte 4 pôles d’activités : grains, légumes, fibres et distribution avec 1 800 collaborateurs et réalise un chiffre d’affaires de 1,14 milliard d’euros.