Si le sclérotinia demeure la maladie la plus redoutée sur le colza, sa pression varie suivant les campagnes. « Une attaque est observée une à deux années sur dix à l’échelle nationale », relève Franck Duroueix de Terres Inovia. « Il y a une nécessité d’intervenir en prévention face à cette maladie, car il n’y a aucune solution curative à disposition ».
Du nouveau contre le sclérotinia
Autorisée en 2021, la solution Treso de Syngenta apporte ce printemps un nouveau mode d’action fongicide anti-sclérotinia avec le fludioxonil. Les essais menés par Terres Inovia, depuis 2017, montrent que le fludioxonil est efficace contre cette maladie, au même niveau que les références existantes. Treso est utilisé en association avec un autre mode d’action pour éviter l’apparition de résistance. Depuis plusieurs campagnes, certains fongicides ont déjà été confrontés à la montée des souches résistantes. C’est le cas des fongicides SDHI (boscalid, bixafen, fluopyram), qui ne sont pas conseillés en application seule. La bonne stratégie consiste à les associer avec un autre mode d’action fongicide efficace. En cas de pression modérée, les triazoles classiques (tébuconazole, metconazole) et les solutions de biocontrôle (packs avec Ballad, Polyversum, Rhapsody) peuvent être utilisées à la chute des premiers pétales. En cas de forte pression de sclérotinia, le mode d’action SDHI doit être associé à une autre mode d’action reconnu efficace (prothioconazole, metconazole, dimoxystrobine, tébuconazole). Face à une alerte de sclérotinia, indiquée par les Bulletins de Santé du Végétal (BSV), le stade-clef de traitement se situe au début de la floraison, soit quelques jours avant la chute des premiers pétales au stade G1. Selon les experts, les programmes à deux traitements n’améliorent pas le contrôle du sclérotinia et ne sont que rarement rentabilisés. Ils ne se justifient que si d’autres maladies exercent une forte pression sur le colza. Il existe aussi un moyen de biocontrôle pour diminuer le niveau d’infection d’une parcelle au sclérotinia avec le Contans WG. Selon les essais de la Fredon, Contans WG réduit les attaques de façon significative, dès la première application en pré-semis du colza incorporé à la dose de 2 kg/ha. Le Contans WG peut s’appliquer aussi après la récolte, sur chaumes de colza (1 à 2 kg/ha); il détruit les sclérotes de l’année, ce qui limite le risque pour les cultures suivantes.
Charançon de la tige : les solutions restent efficaces
Les résistances ne sont pas encore installées dans les populations des charançons de la tige du colza, du chou et des siliques présents au printemps. Il faut rester prudent pour l’avenir, car des mutations ont été détectées dans ces insectes. Actuellement, les insecticides à base de pyréthrinoïdes restent efficaces selon Terres Inovia, qui n’a pas constaté de baisse d’action au champ. Les références Decis Protech à 0,33 l/ha et Karaté Zeon à 0,075 l/ha restent efficaces pour réduire les dégâts du charançon de la tige du colza, de même que Trebon 30 EC. Ce traitement permet de réduire le nombre de tiges déformées ou éclatées. Les produits Boravi WG, Sherpa 100 EW et Cythrine Max se placent un peu en retrait, ainsi que Mavrik Start, inférieur aux références. Terres Inovia conseille de réserver les produits Trebon 30 EC ou Mavrik Start à la lutte éventuelle contre les méligèthes entre les stades D1 et F1. En présence de méligèthes et de charançons de la tige au même moment, il est préférable d’opter pour Trebon 30 EC qui vise les 2 cibles à la fois. Les Bulletins de Santé du Végétal indiquent la date du pic de vol dans chaque territoire, qui a lieu 8 à 10 jours après les premières captures. Piège jaune et kit pétales contribuent aussi à évaluer le risque. Le créneau d’intervention se situe juste avant que les charançons de la tige entrent dans une phase active de ponte. Attention, les vols précoces et massifs occasionnent davantage de dégâts. Et ce premier pic d’attaque peut être suivi par un deuxième vol de charançons, fin mars à début avril.
Retrait annoncé du phosmet
Face aux retrait annoncé de certains insecticides, une inquiétude pointe. En effet, l’AMM du Boravi WG (phosmet) doit être retirée avant le 1er mai 2022, le produit restant utilisable jusqu’à novembre 2022. Cet insecticide offre actuellement la seule solution efficace contre les grosses altises résistantes aux pyréthrinoïdes, présentes à l’automne. L’expérimentation a débuté sur d’autres solutions de substitution, Terres Inovia reste actif sur le dossier.
Les enquêtes de Terres Inovia ont montré une augmentation des cas de hernie sur colza. Ce parasite provoque des galles sur les racines et un flétrissement des plantes. La hernie apparaît surtout dans les sols acides de l’ouest, mais peut aussi se développer dans un sol hydromorphe. En cas de doute dans une parcelle, il est possible de faire un dépistage soi-même ou en ayant recours à une prestation. Terres Inovia a mis un outil de détection en ligne sur son site. Si le sol est contaminé, une variété tolérante ou résistante apporte une solution. Il faut alors sélectionner un type de colza résistant aux souches de hernie les plus présentes actuellement.