La Tribune de Franck Sander, Président de la CGB
Ce printemps 2025 est marqué par une certaine morosité, qu’il s’agisse des indicateurs économiques ou des contraintes de plus en plus fortes qui pèsent sur les finances publiques de notre pays. Dans le même temps, le contexte géopolitique mondial est particulièrement tendu et incertain, notamment en raison de la guerre commerciale que le président Trump menace d’engager avec de nombreux pays, dont l’Union européenne.
Les marchés financiers ont fait le yoyo ces dernières semaines et ceux des principales matières premières agricoles ont aussi connu quelques soubresauts. À ce jour, les perspectives de prix de nos principales productions agricoles restent à des niveaux historiquement bas. Le cours du sucre continue à naviguer entre deux eaux, avec un prix mondial en baisse. Le prix européen résiste mieux (autour de 600 euros la tonne rendu acheteur), conséquence de surfaces betteravières estimées en baisse de 7 % en 2025.
Sur cette base, le prix de nos betteraves 2025 risque d’être en recul par rapport celui de l’année dernière. Il existe néanmoins des signaux haussiers encourageants (niveau des stocks mondiaux historiquement bas, baisse attendue des importations ukrainiennes de sucre) qu’il faudra suivre au fil des semaines et des mois à venir.
S’agissant de nos coûts de production, il n’y a hélas pas d’incertitude : ils demeurent élevés et le seuil de rentabilité de la culture de la betterave s’établit à 38 €/t pour un rendement de 80 tonnes par hectare.
Ce niveau de 80 tonnes correspond à la moyenne française sur les cinq dernières campagnes. C’est 10 % de moins qu’en 2017 ! Il faut évidemment y voir l’impact de la forte pression sur nos moyens de production, à commencer par l’interdiction des néonicotinoïdes, au-delà de la répétition d’aléas climatiques ayant affecté nos régions ces dernières années.
Préserver et même renforcer nos moyens de production, lutter contre les distorsions de concurrence, garantir les conditions d’une concurrence loyale sont autant de leviers permettant d’améliorer la recette betteravière. Chacun de ces sujets est au cœur de la mission et des actions de la CGB, votre syndicat betteravier.
Dans ce contexte incertain, la recette betteravière 2025 reposera pour une part importante sur notre rendement. Avec des semis réalisés dans de bonnes conditions et avec une précocité inédite depuis 2018, sa construction débute sur de bonnes bases. Mais la route est encore longue et il nous appartient à tous de faire le nécessaire, tout au long du cycle végétatif de la plante, pour optimiser ce rendement, car il sera la meilleure garantie d’une bonne recette betteravière. Cela commence dès maintenant avec la surveillance des pucerons dans nos parcelles.