Tout au long du mois d’août, le cours du colza s’est maintenu au-dessus de la barre des 550 €/t, atteignant même un plus haut niveau à 576 €/t le 17 août, avant d’amorcer un léger repli à 564 €/t le 24 août sur le FOB Moselle. La moyenne mensuelle d’août est donc à son plus haut de l’année, supérieure encore à juillet qui avait enregistré une première flambée. Les cours pour le rendu Rouen suivent la tendance, à un niveau légèrement inférieur, à 558 €. Et sur Euronext, l’échéance de novembre affiche, le 24 août, 564 € après avoir touché les 575 € quelques jours plus tôt. L’échéance de février 2022, plus risquée pour les investisseurs, campe au-dessus des 550 €/t tandis que l’échéance de mai est à 548 €/t. C’est dire si les acteurs du marché sont acquis à l’idée d’un risque très élevé de pénurie de matière pour la trituration dans les mois qui viennent.
La hausse des cours du colza en Europe vient assurément de la prévision de collecte de 2021 estimée à 17,3 Mt, dont 3,3 Mt en France, un bon chiffre finalement après les épisodes de gel et de pluie du début de printemps, qui avaient fait craindre le pire. A partir de mai, les conditions climatiques se sont améliorées et ont favorisé un rendement « dépassant les espérances », selon Terres Inovia. Le rendement national moyen dépasserait les 3,5 t/ha, et certaines exploitations du Centre et de l’Ouest enregistrent même des moyennes record de 5 t/ha. Mais le volume produit en France, et en Europe, reste largement insuffisant pour les besoins de la transformation.
D’autant que l’autre pays gros producteur de colza, le Canada, qui approvisionne l’Europe en quantité, a vu sa récolte chuter de 4 Mt à 16 Mt contre les 20 Mt attendues, en raison de la sécheresse et des incendies qui ont frappé le pays. C’est la plus forte dégradation connue depuis 2012. Or, le Canada exporte habituellement 10 Mt de canola, ce qui ne pourra pas être le cas pour la campagne qui vient. Les stocks et les disponibilités sont au plus bas, et c’est aussi ce qui vient soutenir les cours du colza en Europe.
A l’inverse, les cours mondiaux du soja décrochent. À Chicago, la tonne de soja s’échangeait, le 24 août, à 482 $, le plus faible niveau de prix depuis le mois de février. Le rebond de la crise de la Covid au niveau mondial fait craindre une chute de la demande, et des pluies très favorables à la récolte pourraient permettre de produire 120 Mt aux États-Unis, contre 118 Mt estimées lors des prévisions de l’USDA. Le soja suit aussi un cours de pétrole en net repli, et la fermeté du dollar n’est pas un facteur qui facilite les exportations, d’où le recul très sensible des prix. Les producteurs américains de soja sont donc bien moins lotis que les producteurs de colza européens, et les deux marchés se sont déconnectés l’un de l’autre, ce qui est assez inhabituel.