Pourquoi les cours repartent-ils ainsi régulièrement à la hausse ? Car on s’attend à moins d’offre que de demande, dans le monde sucrier, sur les campagnes à venir. L’analyste S&P a d’ailleurs ajusté, le 24 mars dernier, sa prévision de déficit mondial à la hausse sur la campagne en cours : il anticipe désormais -2,4 Mt, soit davantage que sur la campagne prochaine (-1 Mt). En effet, les nouvelles sont décevantes, en provenance d’Asie notamment. L’Inde n’honorera vraisemblablement pas ses ambitions à l’export, et le Pakistan devrait même probablement importer du sucre pour faire face à la hausse des prix sur son marché domestique : + 23 % depuis janvier dernier, selon le média Al Jazeera !
Mais alors, pourquoi le sucre ne reste-t-il pas sur sa lancée pour dépasser les 20 cts/lb ? C’est que la campagne brésilienne reste un peu obscure : elle ouvrira dans quelques jours et le volume total à attendre reste incertain. Il faut dire que les volumes sont tellement importants qu’une petite erreur de jugement suffit à changer un équilibre mondial. Une certitude partagée par tous les analystes : la canne sera majoritairement destinée au sucre, bien moins à l’éthanol. Et même si le Réal se reprend un peu (5,7 BRL/US$), le pétrole reste tellement faible (72 $/baril) que cela ne change pas vraiment les prévisions.
Patience donc, mais un retour vers une tendance baissière ne semble pas immédiat.
C’est le même sentiment qui domine dans l’Union européenne. Le gaz se maintient autour de 42 €/MWh et le sucre sur le marché spot s’accroche autour des 520-540 €/t sortie sucrerie française. À moyen terme, la tendance reste haussière : le marché devra bien, tôt ou tard, prendre en compte la baisse attendue des surfaces (- 7 % sur l’Union européenne) et les moindres disponibilités ukrainiennes… Ici encore, patience !