Des effets positifs d’un couvert semi-permanent de trèfle blanc semé pur ont été observés, une année sur trois, sur le rendement betteravier. Ce couvert est détruit avant la culture précédente ou dans la culture ante-précédente. Ces résultats se heurtent à la difficulté d’implanter et de gérer la régulation ou la destruction du trèfle blanc sur ce dispositif de Poix.

Dans une rotation colza/blé/orge de printemps/betterave/blé, la volonté sur ce dispositif expérimental est d’implanter le trèfle sous le colza et, selon les modalités, de le détruire à différentes périodes. Des betteraves y ont été récoltées en 2019 avec un trèfle détruit dans le blé ante-précédent ou avant l’orge précédente. Un déplafonnement du rendement des betteraves est constaté, avec un gain d’environ 10 t/ha de rendement à 16 ° entre la modalité avec le trèfle détruit avant l’orge et la modalité témoin, sans trèfle. La dose optimale d’azote a été réduite d’environ 40 kgN/ha (figure 1). Une perte de rendement a été observée sur le blé du fait de la présence du trèfle, mais un gain de rendement est observé sur l’orge, la betterave et le blé suivant. Au global, la performance économique de la succession est satisfaisante : 226 €/ha de marge brute supplémentaire dégagés par rapport au témoin, en cumulé sur 5 ans, et avec les hypothèses économiques retenues pour l’étude. Une augmentation de 1,3 point de l’IFT en cumulé sur 5 ans, est tout de même à noter pour la gestion du trèfle.

Si cette situation apparaît intéressante, elle n’a pas pu être répliquée sur ce site. Pour les betteraves récoltées en 2024, un effet semble être observé sur la réduction de la dose d’azote optimale pour le trèfle détruit sous l’orge de printemps. La variabilité des valeurs obtenues oblige à une certaine prudence. Et pour les betteraves récoltées en 2020, l’implantation du trèfle sous le colza avait échoué (conditions sèches à l’été et colza trop développé en sortie d’hiver). La régulation souhaitée du trèfle dans certaines modalités a conduit à sa destruction, nécessitant des re-semis, et éloignant ainsi le protocole d’une conduite de couvert semi-permanent. Par ailleurs, les conditions sèches de l’année et les symptômes de jaunisse affectant les betteraves ont biaisé les résultats obtenus. Des betteraves doivent également être récoltées en 2025, mais des problèmes similaires sur la gestion du trèfle ont été subis.

3 questions à Elyse Champigneulle, ingénieure régionale chez Arvalis

« Une conduite délicate du couvert semi-permanent »

En quoi consiste l’A.R.E.P. ?

L’A.R.E.P., Association régionale pour l’étude des productions végétales en Champagne crayeuse, conduit depuis 1977 des essais longue durée sur les effets des rotations, du travail du sol, des couverts, de la fertilisation sur la productivité et la qualité des cultures ainsi que la préservation de la ressource en eau. Depuis 2015, le projet CP-LEG étudie l’influence d’un couvert semi-permanent de trèfle blanc dans une rotation type de la région.

Quels sont les objectifs du dispositif expérimental CP-LEG ?

Son objectif majeur est d’étudier l’impact d’un couvert semi-permanent de légumineuses sur la productivité et la qualité des cultures, sur la capacité à réduire les doses d’azote apportées et de mesurer les effets sur la qualité de l’eau. L’étude permet également d’apporter des éléments technico-économiques sur l’itinéraire technique lié à ces pratiques.

Quels sont les principaux enseignements issus de ce dispositif ?

À l’heure actuelle, l’essai est toujours en cours. Cette étude confirme néanmoins la complexité de gérer un couvert semi-permanent : il est nécessaire de trouver un compromis entre sa biomasse, afin de maximiser la fixation de l’azote et sa capacité à en apporter aux cultures suivantes par minéralisation, sans pour autant concurrencer la culture en place. Ainsi, la réussite de l’implantation du couvert, sa régulation et sa destruction sont très variables et dépendantes des conditions climatiques.

Des gains de rendement significatifs ont été observés avec un trèfle conservé 2 ans et détruit juste avant l’implantation de l’orge de printemps, avec arrière-effet positif sur la betterave suivante. Ainsi, à l’échelle de la rotation, et malgré des effets parfois concurrentiels sur le blé, cette modalité affiche des marges nettes avec aides intéressantes. L’essai a aussi permis de réaffirmer l’intérêt des couverts, même composés de légumineuses, pour préserver la qualité de l’eau en limitant les pertes de nitrates.