Du 1er mai au 15 septembre, le site Luzéal de Recy (Marne) utilise dans son process de l’énergie thermique issue du centre d’incinération des déchets de La Veuve (UVE). « Malgré une distance de 6 km entre les deux sites, la perte de chaleur n’est que de 0,5 degré par km, explique Thierry Hamerel, directeur général de Luzéal. L’eau arrive à 105 degrés dans des canalisations situées au-dessus des tapis sur lesquels la luzerne est déposée pour y être séchée selon un process basse température. La durée de séchage varie selon le taux d’humidité de la luzerne ». Un contrat de 20 ans a été souscrit entre le centre d’incinération et Luzéal qui a pu ainsi bénéficier, en 2024, de 30 000 MWh thermiques avec un coût compétitif.

« Un projet vertueux et exemplaire »

L’UVE de la Veuve valorise 91 000 tonnes de déchets non recyclables pour les départements de la Marne et une partie de la Meuse. Au total, ce sont 5 000 tonnes de refus de tri et 72 000 tonnes d’ordures ménagères incinérées et 14 000 tonnes d’encombrants incinérables. Ces déchets incinérés, en plus d’être valorisés dans le réseau de chaleur industriel pour Luzéal, sont utilisés pour chauffer, en hiver, 14 000 logements collectifs et individuels de la ville de Châlons-en-Champagne. Cela représente l’équivalent de 55 000 MWh thermiques en 2023 avec un objectif de 70 000 MWh thermiques d’ici 2027. « Les automnes doux nous sont favorables car les besoins urbains en chaleur sont plus faibles, souligne Thierry Hamerel. Nous pouvons donc utiliser davantage l’énergie thermique de l’UVE ». Ce mode de fonctionnement permet à Luzéal de réaliser des économies d’utilisation de plaquettes de bois, principale source d’énergie pour alimenter la ligne de séchage de l’usine de Recy. « C’est un bel exemple de projet pertinent, avec un bilan environnemental positif et des économies de carbone générées, souligne Julien Valentin, président du Syvalom, syndicat qui pilote l’UVE. Cette alternance d’usage complémentaire représente une opportunité pour notre territoire, les habitants et l’industrie. Avec une valorisation nette des investissements, ce projet est très vertueux et exemplaire ».

Ce projet de 72 millions d’euros est financé par le Syvalom, Luzéal et Cloé (réseau de chauffage urbain de Châlons-en-Champagne). Il a pu aboutir dans le cadre d’un partenariat financier avec l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et la direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), grâce aux fonds chaleur et aux certificats d’économie d’énergie (C2E).