Exemples de stratégie de désherbage sur Ammi majus

Les produits à base de quinmérac doivent être utilisés (Goltix Silver, Kezuro, Okido) pour lutter contre l’Ammi majus. Dans les parcelles avec une forte infestation, la molécule doit être positionnée en pré et en post-émergence. La combinaison de ces traitements obtient les meilleures performances dans les essais ITB (notation légèrement inférieure à 8 sur 10, en vert sur la figure 1). Une attention particulière est nécessaire concernant la réglementation de ces produits.

Dans les deux autres modalités (quinmérac, soit en pré, soit en post, représenté en bleu sur la figure 1), les notations sont moins bonnes et inférieures à la limite de satisfaction (ligne rouge au niveau de la note de 7).

Les modalités comparées sur la figure apportaient toutes 250 g de quinmérac. Ces résultats sont issus de 2 essais ITB dans les départements de l’Aisne (2023) et de la Marne (2024). L’infestation en Ammi majus était située entre 500 et 1000 adventices par m².

Dans l’essai de la Marne en 2024, la technologie Smart (voir encadré page suivante) a également été évaluée. L’efficacité était très bonne avec une note de 10 sur 10. Cette stratégie est donc aussi une possibilité en cas de forte infestation d’Ammi majus.

Dans un autre essai situé dans la Marne, avec une infestation plus faible (environ 40 plantes par m²), le programme utilisant la molécule quinmérac uniquement en post-émergence a obtenu une note supérieure à 7. Dans cette situation, le traitement avant la levée des betteraves n’est pas nécessaire.

Exemple de stratégie de désherbage sur matricaires

Dans cet essai ITB en Normandie, c’est l’augmentation de la dose de la substance active métamitrone qui a permis d’obtenir les meilleures performances dans les conditions de 2024 (en vert sur la figure 2). Le programme de base « BTGV » (B=phenmédiphame, T = éthofumésate, G = métamitrone, V = lénacile) en orange sur la figure a obtenu une note inférieure à 7 sur 10 (limite de satisfaction). L’objectif du protocole était d’évaluer des doses croissantes de produits dans le mélange herbicide « BTGV ». Quatre passages ont été réalisés dans chaque modalité. Le nombre de matricaires était de 54 par mètres carrés.

Cette stratégie est donc une possibilité en cas de fortes infestations d’adventices, mais n’est pas nécessaire dans toutes les parcelles. Dans un autre essai ITB en Normandie avec une pression de matricaires plus faible de l’ordre de 17 plantes par mètres carrés, la modalité avec application du programme de base des produits a obtenu une note de 10 sur 10.

L’augmentation des doses des produits améliore l’efficacité des traitements, mais peut réduire la sélectivité du mélange herbicide sur la culture. C’est le cas sur la figure 3 lorsque cette stratégie est utilisée pour tous les produits du mélange (barre en rouge). L’augmentation de la dose d’un seul produit n’a pas de conséquence sur la sélectivité (barres bleues). L’augmentation des doses de plusieurs produits dans le même mélange peut conduire à des problèmes de sélectivité (tassement de végétation ou déformations de feuilles et jusqu’à des pertes de pieds).

Les points clés du désherbage des dicotylédones

Le désherbage démarre 2 à 3 semaines après le semis sur des adventices au stade « point vert » à cotylédons et se termine à 70 % de couverture des betteraves. Une bonne connaissance de la flore adventice présente dans la parcelle va permettre de déterminer si un traitement de pré-émergence est nécessaire. L’ITB le conseille si une forte infestation d’Ammi majus est attendue (voir figure 1).

Lors des traitements suivants, la cadence des traitements contribuera également à la réussite du désherbage. Environ 7 jours sont conseillés entre le premier et le deuxième passage.
Le troisième et éventuellement le quatrième passage seront dépendants des nouvelles levées et des efficacités des premiers passages.

Désherbage des graminées

Afin de réduire les levées de vulpins dans la culture de la betterave, l’utilisation du produit Goltix Duo à 3 l/ha (métamitrone 350 g/l et éthofumésate 150 g/l) en pré-émergence est une nouvelle option. C’est ce que montrent les essais ITB, avec une notation de 6 sur 10 (en vert sur la figure 4) contre 3 sur 10 sans application de pré-émergence. La notation est effectuée après le même programme de post-émergence à base de cléthodime. Ces résultats sont issus de 2 essais dans le département de l’Aisne en 2023 et en 2024. Ce gain d’efficacité n’est pas observé sur ray-grass.

Expertise : Informations réglementaires

Sur adventices dicotylédones

La molécule triflusulfuron-méthyl utilisée afin de lutter notamment contre les ombellifères et les crucifères n’a pas été renouvelée par la Commission européenne. Les produits Safari, Safari Duo, Shiro… ne sont plus utilisables depuis le 20 août 2024. Ils sont désormais PPNU (Produits phytosanitaires non utilisables).

Sur graminées

La substance active S-métolachlore utilisée notamment en pré-émergence afin de lutter contre les graminées n’a pas été renouvelée par la Commission européenne. Les produits type Mercantor Gold ou Amplitec ne sont plus utilisables depuis le 23 juillet 2024. Ils sont désormais PPNU.

L’Autorisation de mise sur le marché (AMM) du produit Avadex 480 à base de triallate (480 g/l) a été retirée le 29 septembre 2023. Les utilisations sont possibles jusqu’au 29 mars 2025. Après cette date, le produit sera PPNU. La molécule triallate est toujours homologuée dans l’Union européenne. D’autres produits avec cette matière active pourraient donc être homologués en France dans les prochaines années sur la culture de la betterave.

Une nouvelle méthode avec la technologie Smart

Réservée à des parcelles avec un salissement important ou en cas de présence de betteraves adventices, cette technologie obtient de bonnes efficacités. Dans un premier temps, il est nécessaire de semer des variétés Smart dans la parcelle. Ensuite le désherbage s’effectue en 2 passages (voir figure ci-dessus) avec comme base le produit Conviso One (foramsulfuron et thiencarbazone-méthyl) à 0,5 l/ha, obligatoirement associé avec un ou deux partenaires ayant des modes d’action différents (par exemple phenmédiphame et éthofumésate). 0,5 l/ha d’huile est ajouté en complément. Le seuil de déclenchement pour les traitements est fixé au stade 2 feuilles des premiers chénopodes. Sur chardons et graminées, les traitements spécifiques doivent être maintenus. Les montées à graines de l’année doivent être arrachées au plus tôt et sorties de la parcelle.

En 2024, il a été constaté sur ces variétés des pourritures sur les racines, sans que l’on puisse l’expliquer à ce jour.