Sollicité par un nombre croissant de fédérations, le ministre de la Transition écologique a sauté le pas. Son arrêté, paru au Journal Officiel le 7 juin dernier, autorise l’emploi de la chevrotine pour le tir du sanglier en battues collectives pour les saisons cynégétiques 2024-2025, 2025-2026 et 2026-2027.
L’affaire a fait grand bruit. Tirer le sanglier à balles fait partie, pour beaucoup, d’un code d’éthique inaliénable. Certes, les Corses, depuis des lustres, tirent le sanglier à la chevrotine et s’en portent bien. Mais bon, là-bas c’est le maquis touffu et on tire à quelques mètres. Il y a bien aussi la fédération des Landes qui avait demandé une dérogation et ne s’en plaint pas. Mais malgré cela, les puristes et l’UNUCR (Union nationale pour l’utilisation des chiens de rouge) sont vent debout.
Pourquoi avoir demandé la chevrotine ? Essentiellement pour des raisons de sécurité. La balle reste mortelle à 2 000 mètres alors que la grenaille de plomb perd son pouvoir létal à 200 mètres. Dans les zones fortement urbanisées, les présidents de fédérations vivent la peur au ventre. Le retraité qui cultive son jardin, l’automobiliste, le randonneur, le cyclotouriste, ne sont pas à l’abri d’un accident. Ces dernières années, de tragiques évènements l’ont amplement prouvé, notamment celui qui s’est produit dans le Cantal en 2022 : une jeune promeneuse tuée par balle à plusieurs centaines de mètres du tir.
Dès lors, aujourd’hui, trente fédérations – un tiers – ont choisi cette solution.
Ce sont les schémas départementaux de gestion cynégétiques des départements concernés qui fixent les conditions dans lesquelles l’emploi de chevrotines est autorisé pour le tir du sanglier en battues collectives.
Opter pour la 9 ou 12 grains
Notons au passage que l’argument si souvent évoqué de l’animal blessé par la grenaille de plomb n’est jamais brandi pour le tir à l’arc, ce qui est pour le moins curieux …
Quoi qu’il en soit, il va falloir s’habituer à tirer à la chevrotine. Quelle munition ? Dans un récent numéro du « Chasseur Français », Frank Tison, un expert balistique, écrit : « le 21 grains n’est certainement pas la meilleure pour le sanglier. Si l’animal est lourd avec un cuir épais, ou situé entre 15 et 25 mètres, elle se révèle inefficace. Pourquoi ne pas utiliser la 9 ou le 12 grains, comme partout dans le monde ? »
Rappelons que seul le calibre 12 est autorisé. Rappelons aussi que la correction à faire au moment du tir est deux fois plus importante qu’avec une balle. Le plomb est plus lent.
Il faut tirer à courte distance. À 15 mètres, la moitié de la gerbe sera contenue dans un cercle de 25 cm de diamètre. On a donc une multitude d’atteintes potentiellement létales concentrées sur une petite surface.
Les résultats sont-ils au rendez-vous ? Tue-t-on davantage de sangliers avec la grenaille ? Les utilisateurs sont unanimes : les tableaux ont été considérablement augmentés, et sans aucun risque pour l’entourage. Les associations communales de chasse agréées et la fédération des chasseurs des Landes – une pionnière – ont prouvé que la chevrotine, employée à bon escient, a permis d’augmenter significativement les tableaux de sangliers, et donc de réduire la facture des dégâts. Sans pour autant nuire à la sécurité des rabatteurs, ni à celle des chasseurs.
2,6 chevrotines pour tuer un animal contre 3 balles
Une enquête conduite dans les Landes sur la période 2018-2021 révèle que, sur un total de 15 276 sangliers, 52 % ont été tués à la chevrotine. Il en ressort aussi qu’il faut 2,6 cartouches à grains pour tuer un animal, contre 3 balles.
On n’a pas déploré jusqu’à présent d’accident ni sur les chiens, ni sur les chasseurs, ni sur les non-chasseurs.
Il reste malgré tout certains inconvénients. D’abord l’animal blessé laisse moins de sang, ce qui rend la tâche plus difficile pour les chiens de sang.
Ensuite, l’angle de sécurité au poste est plus fermé que pour le tir à balles.
Enfin, le tireur doit faire preuve d’un grand sang-froid. Il doit résister à la tentation de tirer au-delà des 20 mètres recommandés, en partant du principe, cher au regretté Michel Blanc, que « sur un malentendu, ça peut marcher » …
Dès que l’on dépasse les 20 mètres, les risques de blesser augmentent. Pour le sanglier, mais aussi pour les chiens et les hommes.
C’est sur ce dernier point que devront se concentrer les directeurs de battue : une discipline de fer.
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Aube (10).
Aude (11).
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Charente-Maritime (17).
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Creuse (23).
Gard (30).
Haute-Garonne (31).
Gers (32).
Gironde (33).
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Lot (46).
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