Le pays le plus compétitif au monde sur le marché mondial du blé voit chaque mois l’estimation de sa prochaine production de blé 2026 réduite en raison des conditions climatiques. Selon le CIC, ses exportations n’excéderaient pas 38 Mt en 2025-2026, en repli de 14 Mt sur deux ans.

Une partie de la prochaine campagne céréalière 2025-2026 se joue en ce moment. Après un début d’hiver doux, une vague de très grand froid s’est abattue sur la Russie. Une partie du blé semé l’automne passé pourrait périr. Or, seules 31 % des superficies emblavées étaient en bon état au début du mois, selon le Conseil international des céréales (CIC). En conséquence, la superficie totale de blé d’hiver et de printemps, actuellement estimée à 27 millions d’hectares, pourrait être revue à la baisse. Or, elle est déjà la plus faible des quatre dernières années et l’hiver n’est pas fini !

En l’état, la production potentielle de blé de l’été prochain, actuellement estimée à 78 Mt, limiterait à 38 Mt ses capacités d’exportations en 2025-2026, soit 14 Mt de moins deux campagnes précédemment.

En ajoutant l’Ukraine et le Kazakhstan, les trois pays de la mer Noire ne disposeraient alors que de 69 Mt de blé exportables l’été prochain, contre 83 Mt en 2023-2024!

Or, les importations mondiales de blé pourraient se redresser et atteindre, voire dépasser, 200 Mt en 2025-2026 si la Turquie et le Pakistan assouplissent leur politique commerciale jusque-là très restrictive. La Chine pourrait aussi être davantage aux achats… En attendant, celle-ci est en grande partie responsable de la contraction de 40 Mt des échanges mondiaux de céréales par rapport aux à 419 Mt de 2024-2025.

L’ex-empire du milieu achèverait la campagne actuelle en ayant acheté deux fois moins de céréales (35 Mt versus 63 Mt), et même trois fois moins de maïs (8 Mt versus 24 Mt), qu’il y a un an.

Aussi, se dispute-t-il avec l’Union européenne (UE) la première place du podium des pays importateurs au monde de céréales même si cette dernière est plus frugale sur les marchés (33 Mt; – 5Mt sur un an). Mais d’ici la fin de la campagne, l’UE devrait encore acheter 11,6 Mt de blé, 2 Mt de blé dur mais aussi 7 Mt de maïs et 0,7 Mt d’orges selon la Commission européenne.

Hit-parade des producteurs de blé

Parmi les 14 pays producteurs-exportateurs de blé passés en revue par FranceAgriMer (FAM) dans une étude intitulée « Les facteurs de compétitivité sur le marché mondial du blé tendre » (campagne 2022-2023), la France est reléguée en un an de la 5ème à la 7ème place. Elle est devancée par l’Allemagne (6ème place).

Dans ce classement opéré par FAM, la première place revient à la Russie. L’abondante récolte de blé et sa capacité à produire à faibles coûts sa céréale démarquent le pays de ses concurrents. L’Australie est en 2ème position, le Canada à la troisième et l’Ukraine, amputée d’un cinquième de son territoire, à la quatrième. Un exploit! Sans la guerre, le pays serait probablement aussi compétitif que la Russie.

La France doit notamment sa 7ème place en 2022-2023 à ses rendements généralement très élevés et à sa filière céréalière très structurée. Mais ses charges de structures très importantes, le faible taux de protéines, une surface emblavée en baisse et des rendements régionaux très hétérogènes expliquent la relégation de la France de la 5ème à la 7ème place en un an.

Et sa prochaine récolte ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices! Les sols sont de nouveau engorgés. À l’échelle de l’Union européenne, les superficies cultivées sont attendues en hausse de 5 % par rapport à l’année précédente. Mais les 23,5 Mha emblavés sont encore inférieurs à la superficie de 2022-2023. Et à l’est de l’Union, les terres manquent encore d’eau.

La surface d’orges cultivée dans l’UE devrait diminuer d’une année à l’autre, notamment en raison d’une baisse attendue des semis de printemps en France. Mais, en Russie, la culture de la céréale suscite un regain d’intérêt. Selon le CIC, la superficie récoltée en orge pourrait être supérieure de 8 % à l’an passé.