L’association Alliance Biocontrôle a dressé, le 14 janvier au Sival d’Angers, un bilan nuancé de la transition, basé sur son baromètre actualisé. Il intègre désormais les surfaces traitées issues du panel d’ADquation. Entre 2021 et 2024, les surfaces sont passées de 7,5 à 11,5 Mha déployés, soit une hausse de 53 % (4 Mha) en deux ans (voir graphique).

Cette dynamique est particulièrement visible dans la viticulture, (+ 3,2 Mha), mais aussi dans les grandes cultures (incluant céréales, oléo-protéagineux, betteraves) avec 700 000 ha gagnés en deux campagnes pour atteindre 2,17 Mha déployés, soit + 50,8 %. En revanche, l’arboriculture et le maraîchage sont stables.

Près de 5 % de parts de marché en grandes cultures

Quant au taux de pénétration (part des agriculteurs qui utilisent du biocontrôle), il progresse en grandes cultures, passant de 12 % en 2022/2023 à 15 % en 2023/2024. Cependant, il est le plus faible des quatre groupes de cultures suivis. De plus, sa part de marché est toujours inférieure à 5 %. L’essor attendu est bien du côté des grandes cultures.

Malgré des avancées, le chiffre d’affaires du biocontrôle enregistre une baisse en 2023. Les ventes, tous secteurs confondus (agriculture et espaces verts), s’établissent à 245 millions d’euros, en recul de 12 % par rapport à 2022. Cette diminution s’explique par des stocks élevés, conséquence d’achats anticipés lors de la période post-Covid, et des ajustements de prix. La part de marché globale du biocontrôle dans les produits de traitements a ainsi légèrement reculé, passant de 10 % à 9 %.

Accompagnement et partage des risques financiers

Denis Longevialle, directeur d’Alliance Biocontrôle, insiste sur l’importance d’un accompagnement renforcé pour atteindre l’objectif de 30 % de parts de marché d’ici à 2030. Parmi les priorités, il évoque la révision de la séparation entre la vente et le conseil des produits phytopharmaceutiques. Autre défi, les homologations européennes qui prennent 7 à 10 ans contre 2 à 3 ans ailleurs. Céline Barthet, présidente d’Alliance Biocontrôle, appelle à une harmonisation des réglementations et à une reconnaissance officielle du biocontrôle dans les textes européens.

L’année 2025 pourrait marquer un tournant. La nouvelle Commission européenne doit présenter sa feuille de route fin février. Dix pays ont déjà manifesté fin décembre leur volonté d’avancer sur cette question. En France, le ministère de l’Agriculture prévoit de lancer l’appel à projets PRAAM* au premier semestre. Ce dispositif vise à massifier les pratiques durables en partageant les risques financiers. « Nos adhérents ne pourront pas être porteurs de projets, précise Céline Barthet. Ces initiatives seront par exemple pilotées par les coopératives et les négoces agricoles. »

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Voir aussi le Hors-Série N°1193 sur les biosolutions (décembre 2024).
*PRAAM : programme pour l’accompagnement des pratiques agroécologiques et le biocontrôle.